Si Jerome K. Jerome était toujours parmi nous, nul doute qu’il aurait pu faire un second best seller avec nos trois héroïnes.
« Rends légère la barque de la vie et munis-la des seules choses dont tu aies besoin : un intérieur et des plaisirs simples, un ou deux amis dignes de ce nom, quelqu’un qui t’aime et que tu aimes – un chat, un chien, une pipe ou deux – prends assez de provisions pour te nourrir et te vêtir, un peu plus que le nécessaire pour te désaltérer, la soif étant une chose terrible. » J.K.J.
Voilà en tout cas le synopsis de cette aventure.
Trois dames font un joli rêve
Mardi 6 juillet 2010 à 16 h Magali appelle Michelle et lui dit à ce soir pour le départ. Michelle lui répond : non, à demain. Branle-bas de combat, Magali appelle Françoise qui était chez le coiffeur. Après discussion, Magali avait raison. Le départ était pour le soir même et pas pour le lendemain. Nous voilà donc à l’heure au MP2. L’avion n’a qu’une 1/2 h de retard. Tout va bien. Voyage normal, arrivée en cata à Istanbul pour ne pas rater la correspondance, qui nous a attendues d’ailleurs.
Arrivée à Antalya. Pressées on prend un taxi après négociation, direction Gare Routière.
Le temps de prendre les billets et d’acheter une douceur pour déjeuner et nous voilà parties en bus pour Fethiye.
Bus au ralenti pendant 20 km, puis devenu fou : feux rouges, stops, lignes continues, virages coupés, dépassements impétueux, on a tout eu.
Arrêt au snack turc avec bonne bouffe : 1/4 d’heure. Arrivée à Fethiye à 15 h. Re-navette pour la marina.
Installation sur le bateau et courses après une bonne douche. Promenade, resto au Grand Hôtel : décevant.
Jeudi : 2 h d’informatique pour les filles qui sont donc accros. Au moment de partir : inscription au Transit Log. Fermé jusqu’à 14 h.
Promenade au Fish Market : On achète les poissons au marché et le resto du coin fournit le reste et les fait cuire. Au menu : rougets et calamars.
Puis retour au bateau pour le départ. Nous lisons les instructions et allons procéder à la vérification du niveau d’huile. Jacques a marqué en commentaire « Pénible ».
Maintenant que nous savons ce qu’il appelle « Pénible » nous nous méfierons. Nous enlevons la table que nous ne savons pas où mettre. On la case quelque part.
Nous enlevons la moquette, même problème. Nous ouvrons le premier caisson. Il y en a un 2ème dessous.
Pour enlever le 2ème, il faut enlever aussi un support central 10 x 10 assez lourd, et le 2ème caisson supérieur. Facile !
On parvient enfin au moteur après avoir sué sang et eau pour caser tout ça. Jauge invisible. Michelle la découvre pour ainsi dire « sous le moteur ». Magali se couche sur le moteur et retire la jauge. Niveau impeccable. Impossible de la replacer sans enlever une cloison qui coince. Nous le faisons gaiement. Enfin nous pouvons reconstituer le puzzle. Michelle commande les manœuvres. Nous allons enfin pouvoir partir à l’aventure. Mais… Sans raison valable, la pendille se prend dans l’hélice (qui ne tournait pas). Départ retardé en attendant le « Plongeur Chef » qui nous dégage. Le Turc du coin nous engueule, Magali lui propose sèchement de s’embarquer avec nous comme « FREE SKIPPER », il bat en retraite. 3 femmes c’était trop.
Enfin la mer en direction de « WALL BAY » où nous n’arriverons pas le soir. Nous mouillons dans une petite crique avant sous les sarcasmes de 5 Allemands idiots, qui n’avaient jamais vu 3 femmes seules sur un bateau. En pleine nuit (minuit) l’ancre ripe et nous voilà parties en errance dans la baie. Re-mouillage dans une baie inconnue (au GPS dans le noir). On lâche toute la chaîne et on ne peut plus remonter l’ancre. Le guindeau est inutilisable. On force sur nos bras mais sans résultat (toujours dans le noir). Magali finit par avoir l’idée d’utiliser le winch pour avoir plus de puissance et remonter la chaîne. Ce que nous parvenons à faire au bout d’une bonne heure d’efforts. Plus question de rester là, c’est trop profond.
A noter : Michelle n’a pas arrêté de surveiller le profondimètre. C’est son boulot. Mais elle ne sait pas situer la virgule. Dix fois plus ou dix fois moins, c’est pas grave !
Nous repartons toujours au GPS en direction de WALL BAY où nous mouillons en plein milieu pour être tranquilles. Il est 5 heures, nous allons enfin dormir.
Réveil 9 heures, par le bateau anglais voisin qui nous « ME GO ».
Nous pas comprendre, ils insistent « ANCHOR ». On comprend que l’on est mouillées sur leur ancre. Nous partons donc immédiatement en direction du nord.
Passé le 1er Cap : mer démontée à l’horizon. Pas de problème : demi-tour en direction d’une crique de rêve, très faiblement occupée par quelques « gulets ».
Mouillage épique : l’ancre n’accroche pas. On met 2 bouts à terres : toujours Françoise qui est volontaire pour se mettre à l’eau.
Excellente journée de farniente malgré le bateau qui de temps en temps frôle les rochers. Nous résistons.
En fin d’après midi un magnifique GULET mouille près de nous et le capitaine (propriétaire aussi) voit bien que nous sommes mal mouillées. Il monte à bord et dirige la manoeuvre pour améliorer la prise de l’ancre. 2 fois sans grand succès. Il nous dit que l’ancre est mauvaise. On le savait. On modifie les bouts arrière 1 avant et 1 arrière et on a pu passer la nuit tranquille. Enfin…
5 h du matin, lever en vitesse pour que le marin de la gulet nous renvoie les bouts car ils partaient aussi. Super sympa. Françoise était volontaire pour se jeter encore à l’eau. Et on part à la queue-leu-leu. A midi halte dans une magnifique crique. On se baigne. Il y a des oursins, mais pas bons (noirs). On repart direction Marmaris où on arrive après une sieste dans une autre crique le soir. Magali qui ne doute jamais de rien décrète que l’on va s’amarrer au vieux port de Marmaris. Effectivement, il y des places au milieu des « Gulets ». Un coup de marche arrière et quelques Turcs nous aident à fixer les amarres. Comme un doigt dans le nez. Toutes fières, sur le quai d’honneur, nous demandons l’eau, l’électricité, etc. tout ça avec l’aide d’un type sympa, MOUSSA CAPTAIN. On se débrouille pour mettre la passerelle car rien n’est au niveau. Michelle commence à se demander comment elle va arriver à descendre. Nous sommes optimistes : quand on veut, on peut. Et ça marche. Soirée commencée au SCORPIO BAR avec MOUSSA CAPTAIN, raki, bière. Puis il nous emmène dans un café « turc » pour dîner.
Assiette sympa. Mais le mec ne comprend pas et nous sert 3 verres de vin au lieu d’un. Pas grave, tout le monde boit.
MOUSSA, voulant aider Michelle qui a fait une bougnette, entame en anglais (parce que tout ça c’est en anglais) une longue phrase qui commence par « tu as de gros nénés » et là « fou rire » énorme car on se demandait où il voulait en venir. Il finit par « il faut mettre une serviette ». Ouf ! Nous rions de plus en plus.
Marmaris by night : que des boîtes de nuit, des bars dans la rue. Luxueux et très bruyant. Nous fatiguées, nous dormir malgré le bruit jusqu’à 9 h du mat.
Lever, petit déj., et shopping : fishman, supermarket, pas de marché, souks. On revient au bateau et on se gave de viande après 3 jours de légumes.
DIMANCHE : Le vent s’étant levé, on décide de rester 1 nuit de plus et de ne partir que demain. Sieste, farniente, café turc et thé au SCORPIO BAR avec TIGER ALI qui nous donne quelques mots d’usage et fait un massage musclé à Françoise, puis une déclaration d’amour à Michelle pour qu’elle vienne nous rejoindre. Mais elle préfère boucher les toilettes… Magali est ravie comme d’habitude. Elle veut la tuer gentiment. Michelle jure de prendre tous les jours de l’imodium. Nettoyage général, puis apéritif au SCORPIO BAR, visite du château (fermé), recherche active d’un petit resto turc, hors des quartiers touristiques. Nous le trouvons : MERYEMANA MANTA EVI et mangeons de bon appétit (sans faim) de formidables crêpes (gözleme, des feuilles de vigne, etc.). Retour au bateau et on essaie de dormir malgré la « finale ».
LUNDI : départ et on navigue jusqu’à BUZUK BUKU. Mer assez agitée, gros vent. On s’arrête au premier ponton et on se fait avoir au resto : nul et personnel très désagréable. Il trouve que l’on ne mange pas suffisamment pour des « BIG WOMEN ». Ca nous énerve et, quand le ponton est envahi par plein de voiliers, on se croirait aux Lecques. Alors, on s’en va, et on trouve un mouillage superbe face au resto suivant. Le soir, le propriétaire vient nous chercher avec sa barque et il nous faut nous rouler sur la passerelle pour accéder à la terre ferme. Très sportif. Le repas nous ravit : MEZZE et chevreau. Délicieux.
On rentre toujours en barque, au péril de nos vies. A noter pour Jacques, le feu de mât ne fonctionne pas. Nuit très agitée à cause du vent qui s’est levé. La météo n’est pas bonne. On pense rester là demain.
MARDI : On traîne et le goût de l’aventure nous reprend, on part tout de même vers le nord. Bonne navigation, moteur, voile, et on trouve un mouillage très abrité et avec de l’eau claire et super chaude dans la baie de Sogüt. Magali et Françoise passent l’après-midi dans l’eau. Mais avant, on a mangé les calamars prévus pour la pêche, délicieux.
Mardi soir, au ponton de Sogüt. On se relaxe. Repas très moyen au resto car on n’a pas compris le système. Ponton superbe avec schizophrène « FREE » devant le bateau quand on est rentrées. Michelle : la trouille. On a tiré le bateau à 2 m du ponton.
MERCREDI : départ tranquille pour la calanque d’à côté, BUZ BURUN. On trouve un mouillage rien que pour nous, bien pour un 14 juillet. Eau chaude, l’ancre tient bon. Bonne pêche, enfin ! Un gulet plein d’italiens vient se mouiller sur nous. On s’en va pour ne pas se disputer et fidèles à nous-mêmes, on se pointe au port et on trouve une place sans difficulté pas grande, mais Magali fait une superbe manœuvre et on y accède. Il y a quelques Français qui nous proposent d’aller dîner avec eux pour fêter le 14 juillet mais on n’en a pas envie. On trouve des bonnes crêpes et des « waffel » (gauffres) écœurantes, sauf pour Magali et Michelle qui nettoient leur assiette. Retour animé par Michelle qui ne se sent pas de sauter sur la jupe du bateau (trop basse), elle décide de s’asseoir et se jette à genoux sur la jupe. Grand bruit, pas de mal. Chaleur étouffante. On a du mal à s’endormir.
JEUDI : Départ 6 h 30 sur un véritable lac. Direction SYMI (île grecque) où on arrive vers 10 H. Beau panorama. On repart vers PANORMITIS, anse presque fermée avec un beau monastère. Baignade et rizzoto aux courgettes.
En navigant, on parle de tout et de rien, Michelle déclare que de son temps, il n’y avait pas autant de produits et qu’elle lavait les fesses de son petit avec du « NUTELLA », pas grave. On repart vers BUZUK BUKU. Ponton, baignade et relax.
VENDREDI : On prend la mer pour la journée. Temps superbe, on met les voiles et on tape 7 noeuds (moteur aidant).
Arrivée à KAPI CREEK vers 16 h. Baignade, resto, beaucoup de guêpes, dodo.
SAMEDI : on fait le tour de toutes les criques en direction de GÖCEK. Baignade : eau à 30°. Le soir Marina de Göcek. Merveilleux jus d’orange à la pâtisserie Chez Mado, grosse glace délicieuse. Dîner sur le bateau.
DIMANCHE balade entre les îles, les criques, etc. Mouillage derrière une île pleine de BOUCS ENORMES. Très beau tableau.
Baignade au mouillage. Eau chaude. Vers 17 h on lève l’ancre pour aller se baigner plus loin, près de FETHIYE. Re-baignade et on décroche car il y a beaucoup de vent. Alors là, plus de guindeau. Pas de contact. Magali et Françoise s’attellent à remonter ancre et chaîne. Pas de problème.
On repart vers le port et comme l’a dit Jacques, nous téléphonons à la Marina pour qu’ils viennent nous aider à l’arrivée. Françoise tombe sur un Turc qui ne parle que turc. Il essaie tout de même de savoir qui on est : « Joli Rêve », connaît pas. Au bout de quelques minutes de discussion, Françoise conclut : « Bon on va se débrouiller, on arrive ». On est rentrées au port sans difficulté, et sans personne pour nous aider.
LUNDI : Ali vient à notre secours pour : déboucher les toilettes de Michelle, revisser les nôtres, changer la cosse du guindeau. En deux temps trois mouvements, tout est arrangé, tout fonctionne. Alors, on repart se baigner. Bonne journée encore. Le retour est plus difficile car il y a beaucoup de vent. Les gars de la Marina viennent nous aider. Tout est OK. Le soir, dîner au fish market, excellent.
MARDI : Lever à 8 h, petit déj., nettoyage à fond du bateau, dedans, dehors, quelques heures au marché sous une chaleur torride. Casse-croûte au marché : Gözleme du tonnerre. On discute beaucoup avec les autochtones. Ca nous plaît de parler anglais-turc. Au fait on a fait une cure de langue anglaise. Nous avons bien progressé.
Retour au bateau, on dépense encore quelques lires turques. Françoise se paie un massage extraordinaire. Puis on fait les valises. Départ prévu demain Mercredi 9 h.
Étiquettes : ancre, Antalya, Buzuk Buku, Fethiye, Gocek, gozleme, gulet, Jerome K Jerome, Kapi creek, Marmaris, Panormitis, Scorpio bar, Symi, Wall bay
30 juillet 2010 à 16:38 |
« maintenant que nous savons ce qu’il appelle « Pénible » nous nous méfierons » : effectivement, avec papa une fois qu’on a compris ça, tout se passe beaucoup mieux ! Merci pour ce récit plein d’humour 🙂
1 août 2010 à 18:29 |
En vo :
« Let your boat of life be light, packed with only what you need – a homely home and simple pleasures, one or two friends, worth the name, someone to love and someone to love you, a cat, a dog, and a pipe or two, enough to eat and enough to wear, and a little more than enough to drink; for thirst is a dangerous thing. »
3 août 2010 à 11:02 |
Bon, eh bien ! une qualité rare : savoir se moquer de soi-même. Ça empêche les autres de s’adonner à ce plaisir malsain.
Félicitations aux filles. Quand même, je préfère rester à quai.
15 novembre 2010 à 15:45 |
Ce récit est un vrai régal que j’ai savouré sans modération.
Merci de l’avoir écrit et posté.
Bravo aux trois joyeuses navigatrices. Aucun sort contraire ne semble avoir pu menacer une ambiance d’enfer.
Magali s’y révèle une brillantissime manoeuvrière. Pour accoster au vieux quai de Marmaris en pleine saison, il faut du tempérament.
L’évocation de nombre de mouillages connus remue de très bons souvenirs.
Manque une photo de l’équipage au complet.
PS : Une bougnette, est-ce une tache ?
15 novembre 2010 à 16:21 |
Oui, car toute l’équipe était provençale, même plus : Marseille-Aubagne, le coeur du coeur, voir ici :
« Eh bien, je vous raconte : bougnette en patois marseillais (car Elle est marseillaise, et Lui vaguement apparenté) cela veut dire tache, vous savez le genre de tache qu’on se fait sur le plastron en mangeant un beignet (bougnetto !) »
http://chats_de_lettres_18.voila.net/Bougnette2.html
15 novembre 2010 à 16:22 |
> Magali s’y révèle une brillantissime manoeuvrière. Pour accoster au vieux quai de Marmaris en pleine saison, il faut du tempérament.
Oui, c’est ce que je me suis dit aussi ! 😉
2 janvier 2011 à 10:02 |
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