Otrante

Otrante est tellement riche en histoires qu’on ne sait par quel bout la prendre : faut-il d’abord parler de Joseph Fouché, âme damnée de Napoléon, et duc d’Otrante ; de la période normande de cette ville et région, autour de 1100 ; du roman terrifiant écrit par Horace Walpole en 1764, Le château d’Otrante, à l’origine de la veine gothique en littérature   ; du château lui-même, aragonais, car le royaume d’Aragon, à partir de Saragosse, a formé un véritable empire au XVe siècle, du Languedoc à Barcelone, de l’Italie à la Grèce, un empire bien oublié aujourd’hui ; 

Finis terrae

Au bout du talon de la botte italienne, la pointe de Santa Maria di Leuca

Un très bel article dans Le Monde Voyage, de Régine Cavallaro : Le Salento, un Finistère à l’italienne

Brundisium

Brindisi (Brundisium) est à la fin de la grande voie romaine, la Via Appia, partie de Rome, à environ 500 km. Une colonne est toujours en place, devant le port, qui marque l’arrivée . Le long de la voie, les légions marchaient avec l’emblème terrible à leur tête, SPQR (Le Sénat et le peuple romain, Senatus Populusque Romanus).

Trani

Extraordinaire cathédrale romane à Trani, style pur, remarquablement préservée. Dédiée à St Nicolas le pèlerin, c’est sans doute la plus grande église romane au monde, sans ajouts successifs, sans apports ultérieurs. Elle a été construite entre 1099 et 1200. La ville a été très importante aux XIe et XIIe siècles, avec les croisades, elle devient le premier port de l’Adriatique, avant même Venise. Les Templiers s’y installent, elle comporte une importante communauté juive, dont on retrouve la présence aujourd’hui. Trani, bâtie en cercle autour du port, et l’église qui domine, est animée et agréable, avec un grand parc en bord de mer  

Vieste

Quand on a l’habitude de l’Italie du Nord, du Piémont en particulier, l’arrivée dans les Pouilles est quand même un choc, on est là plus près de l’Afrique que de la Suisse. Sur l’éperon de la botte, ce cap qui pointe vers la Yougoslavie, se trouve la ville de Vieste, point le plus proche avec Otrante, au sud, pour la traversée de l’Adriatique. Vieste, ville blanche, évoque un peu Alger, même si sa nature et son aiguille rappellent plutôt Étretat.

Québec à Lastovo

Lastovo, last day in Croatia. Dernière étape, check-out : harbour master, douanes et police ! Un joli tampon sur le passeport avec une image de bateau… Le village est en hauteur, loin de l’immense baie, caché dans les collines pour éviter les attaques, comme en Turquie. Une rencontre imprévue : des Québécois installés dans ce coin paumé! Ils sont de Montréal, passent ici quelques mois par an, à entretenir leur maison et leur jardin, face à cette vue du village. Lui est d’origine croate, de Lastovo, d’où le retour aux sources, mais leur accent est typiquement canadien. Un restaurant superbe, sans aucun touriste encore, le Fumari, du nom de ces cheminées caractéristiques de l’île. 

Vela Luka

Puis, à l’extrémité ouest de l’île de Korcula, le village de Vela Luka (grand port), au fond d’une large baie, avec ses cyprès et son église St Joseph. Il y a aussi un site préhistorique vieux de 20 000 ans, mais le temps a manqué…

Milna

Il y a ensuite Brac, et le village de Milna, entre pêche et plaisance, au fond d’une sorte de fjord. Une image de pêcheur à la N.C. Wyeth

Solta

Dans les îles au sud de Split, il y a d’abord Solta et son hôtel de luxe à Maslinica, dans un ancien château, ses criques à restaus avec bouées bienvenues

Les merveilleux nuages

Dans le ciel dalmate, en juin, on pense à Baudelaire, à son étranger et ses merveilleux nuages :

– Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

Petits poèmes en prose, 1869