Au Musée des Beaux Arts de Montréal (entrée libre), il y a des chefs-d’oeuvre, mais aussi des tableaux moins connus, de peintres oubliés. Peut-être les plus intéressants, ceux qu’on peut découvrir en tout cas, qui sont une surprise. Trois par exemple : de Gabriel Max, Luigi Loir et Benjamin Constant (pas l’auteur d’Adolphe, non, le peintre, sans lien avec lui). Le premier tableau, Le Christ ressuscitant la fille de Jaïre, est une oeuvre de Gabriel von Max, de l’école de Munich, il est caractérisé par son réalisme, la pureté des traits des personnages, et la mouche, posée sur le bras de l’enfant, d’un détail extraordinaire (la photo ici rend mal cela, mais quand on s’approche on voit la précision), la mouche donne une impression de malaise, un côté angoissant, qui rend le tableau fascinant. L’hyperréalisme devient presque surréalisme. La mouche représenterait la mort, d’après la notice. Voici en tout cas l’histoire, dans l’Évangile selon St Marc du Nouveau Testament de la Bible :
Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait douze ans. Ils en furent complètement bouleversés.
L’épisode a donné lieu à une foule de tableaux, images, commen-taires et exégèses
Versions de Matthieu et de Luc
Max est aussi l’auteur d’un tableau célèbre, darwinien, Les singes comme critiques d’art, à la Pinacothèque de Munich.
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Le deuxième est l’oeuvre d’un contemporain de Max, l’orientaliste français Jean-Joseph Benjamin-Constant. La scène se passe à l’Alhambra de Grenade, en 1300, à la suite d’une victoire musulmane. Des prisonnières chrétiennes ont été amenées devant le roi. La position verticale des vainqueurs, en harmonie avec la verticalité architecturale, s’oppose à la position horizontale des femmes ainsi livrées.
A highly sought portraitist subsequent to his portrait of Queen Victoria, Benjamin-Constant’s international reputation explains the presence of major works by him in the collections of Montreal’s banking and railway magnates from the 1880s onwards. Benjamin Constant visited North America on several occasions. He spent time in Montreal in 1888 to prepare for his participation in the 1889 Paris World’s Fair, ultimately deciding to exhibit this painting which he described as follows: “This picture represents Alhambra, at Granada, in the midst of Moorish Spain the day after a victory in the year 1300 during which period Musslemans and Christian disputed foot by foot, the possession of Andalusia. A king of Granada comes to look at a number of beautiful Christian captives, seized in the sack of some city.
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Le dernier, de Luigi Loir, Le point du jour à Auteuil, a été peint en 1883, c’est une grande fresque paysagiste, très impressionnante par la taille. Loir est le peintre de Paris au XIXe, il peint aussi beaucoup pour la publicité, naissante à l’époque, Le Bon Marché, Le Pétrole Hahn, trésor des cheveux… Nul doute qu’il devait plaire à Jacqueline, enseignant l’histoire de la publicité, depuis César Birotteau et Tono-Bungay.
Le musée a aussi un étage entier consacré à Napoléon, suite à une donation, on y voit le chapeau de l’empereur, porté pendant la campagne de Russie, sacré morceau d’histoire…
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