Ponce de León, le découvreur de la Floride, est le premier Européen à avoir expérimenté le courant du Gulf Stream, il constate en 1513 que malgré un vent favorable son navire recule au lieu d’avancer… Pas étonnant, avec le flux du sud vers le nord à trois ou quatre noeuds, dans le détroit de Floride (Florida Straits), le rétrécissement entre le continent et le plateau des Bahamas, flux qui s’apprête à remonter toute la côte nord américaine et traverser l’Atlantique, son bateau ne pouvait que subir la force du flot. Les galions espagnols venant des Antilles, du Mexique ou d’Amérique du Sud, utiliseront le courant pendant des siècles pour rejoindre le Vieux Continent.
Même avec les moteurs aujourd’hui, la traversée se révèle délicate pour un voilier de taille réduite, on avance en crabe, l’avant du bateau pratiquement orienté vers le sud, alors qu’on va vers l’ouest (au retour). Le passage est plus difficile encore si la route est plutôt sud-ouest que nord-ouest, ou en sens inverse sud-est que nord-est en quittant la Floride. Après avoir doublé Memory Rock, à la fin du banc des Bahamas, on s’enfonce dans les profondeurs de l’océan, parcouru par le Gulf Stream, et le courant est de plus en plus fort au fur et à mesure qu’on va vers le milieu. Il faut viser au moins trente degrés au sud, pour finalement atteindre son objectif. Douze heures pour faire les 55 milles nautiques jusqu’à Palm Beach, soit environ 100 km, ou trois fois la Manche entre Calais et Douvres. Une moyenne d’environ 3 noeuds, si on tient compte de l’arc de cercle parcouru à la place de la ligne droite. Et on est bien content de retrouver la quiétude du waterway, passé l’inlet de Lake Worth, à Palm Beach. Après ça, le retour à Stuart est du gâteau.
Les Bahamas sont ainsi un paradis à portée des Américains, qui s’étend sur des centaines de milles, avec des milliers de mouillages, des plages de rêve sans fin et désertes, mais un paradis qui se mérite, il faut franchir le stream, et dans les deux sens bien sûr. On attend une fenêtre, entre deux coups de vent du nord, heureusement fournie par une météo fiable.
Erik Orsenna en a fait le portrait Vidéo.
Jerry Wilkinson résume son histoire, en citant un certain Matthew Maury au XIXe, sur cet ‘Ocean River’, ce fleuve océan :
There is a river in the ocean. In the severest droughts it never fails, and in the mightiest floods it never overflows. Its banks and its bottoms are of cold water, while its currents are warm. The Gulf of Mexico is its fountain and its mouth is in the Arctic Seas. It is the Gulf Stream. There is in the world no other such majestic flow of waters. Its current is more rapid than the Mississippi or the Amazon.
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4 mars 2013 à 15:37 |
Blues de celui qui reste à la porte du temple.
8 mars 2013 à 11:05 |
Homme de peu de foi! Rentre dans le temple et tu seras récompensé.