Les Outer Banks en Caroline du Nord sont un système de cordons littoraux qui séparent l’Atlantique de vastes baies intérieures, les sounds. Ils sont connus pour le premier vol des frères Wright en 1903, les exploits et la fin du pirate Blackbeard, alias Edward Teach, et le cap Hatteras, fameux pour ses tempêtes et ses naufrages. Des plages à plus finir, des graus* délicats et des plans d’eau superbes, mais peu profonds.
Les cartes suivantes montrent où peut aller un bateau à l’intérieur selon la profondeur de sa quille. En bleu clair, les zones accessibles successivement pour des bateaux d’au plus 2,4m de tirant d’eau (8 pieds), puis 4m (12/14 pieds) et 5,5m (18 pieds). La plupart des bateaux de plaisance, à voile ou à moteur, sont dans le premier cas, ils pourront donc aller à peu près partout, à condition de ne pas trop s’approcher du bord ni rentrer dans les rivières ou inlets les moins profonds (en bleu foncé sur la carte). A l’époque des pirates, rois de cette côte au XVIIe, seuls les sloops ou les navires plus petits pouvaient rentrer et naviguer dans ces bras de mer
Sur la carte suivante, l’accès est réduit, en fait à l’inlet de Beaufort, il s’agit des navires allant jusqu’à 4 m de tirant d’eau, comme les frégates. Le bateau amiral de Blackbeard, une frégate française capturée aux Antilles (le Concorde, un bateau négrier), était dans ce cas
Enfin les vaisseaux de ligne, dépassant 4 m de tirant d’eau ne pouvaient rentrer nulle part dans les inlets de la région, ils devaient rester en mer, et même assez loin de la côte, dans la zone en bleu clair. Les pirates avaient choisi la région pour cette raison même, ils étaient à l’abri des incursions de la Navy, il leur suffisait de se réfugier dans un sound en passant un inlet
La flottille de Barbe Noire (4 navires et 400 pirates) bloquant le port de Charles Town (futur Charleston) en Caroline du Sud, mai 1718. Tous les bateaux qui entraient ou sortaient étaient pillés, le blocus durera quelques jours avant que les pirates relâchent leurs otages, contre une rançon plutôt modeste : une caisse de médicaments. Ce blocus est un des hauts-faits de la piraterie.
Barbe Noire termine son parcours le 22 novembre de la même année sur le grau* d’Ocracoke, en dessous du cap Hatteras. La marine britannique a eu raison de lui en envoyant deux sloops dans l’inlet où il était mouillé
Ici au bout d’une vergue de son navire, l’Adventure, après la perte du Concorde (Queen Ann’s Revenge) échoué peu avant à Beaufort
Such a figure that imagination cannot form an idea of a fury from hell to look more frightful.
Ch. Johnson (aka Daniel Defoe?), Histoire des pirates, 1724
Barbe Noire est un cousin de Barberousse, le pirate et amiral ottoman du XVIe siècle, et du personnage fictif Barbe Rouge, des merveilleuses bandes dessinées de Charlier et Hubinon. Ce qui frappe chez tous ces pirates des XVIIe-XVIIIe siècles, c’est leur faible durée de vie, la plupart sont morts exécutés, ou bien dans des combats ou des tempêtes, dans la fleur de l’âge : Barbe Noire, 38 ans ; Stede Bonnet, 30 ans ; Jack Rackham (celui qui a inspiré Hergé pour Le Secret de la Licorne), 38 ans ; Charles Vane, 41 ans ; Bartholomew Roberts, 40 ans ; seuls William Kidd, 56 ans, Benjamin Hornigold (?-1718) et Henry Every (1659-?) ont eu une vie plus longue, quoique avec une fin funeste ou mystérieuse.
* Eh oui, un grau, c’est un inlet, une voie d’eau permettant de relier la mer à des eaux intérieures, comme dans Le Grau du Roi. On utilise tellement les mots anglais qu’on en arrive à oublier les nôtres, combien de gens vont en vacances au Grau du Roi, ou y passent pour quelques heures, sans avoir la moindre idée de ce que le terme signifie, moi le premier… Heureusement qu’il y a Wiki.
Les cartes et images viennent du très joli musée maritime de Beaufort, NC.
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28 janvier 2014 à 15:59 |
Une vue nouvelle sur la fin du pirate, Smithsonian, février 2014.
16 octobre 2016 à 14:29 |
[…] Barbe noire […]
30 avril 2018 à 23:04 |
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/le-navire-retrouve-au-large-de-la-caroline-du-nord-est-bien-celui-de-barbe-noire
6 mai 2020 à 00:23 |
[…] via Barbe Noire — Le journal de Joli Rêve […]