Le Brésil est de ces pays-continents très peuplés où on peut trouver tout d’un coup une ville énorme dont on n’a jamais entendu parler. Un peu comme en Chine, où vous découvrez l’existence d’une métropole de 5 millions d’habitants, couverte de gratte-ciel, dont vous ignoriez tout jusqu’au nom.
A la différence des Etats-Unis, dont le rouleau compresseur économique, médiatique, culturel, linguistique et du show business a fait connaître au monde entier le nom des villes et des lieux, les coutumes et les pratiques, l’histoire et la sociologie, le Brésil, comme la Chine, sans doute l’Inde et la Russie aussi, est resté un peu à l’écart, hormis les sites les plus connus bien sûr (Rio, Bahia, Brasilia, Manaus, par exemple) et les grandes réussites culturelles qui ont fait le tour du monde, dans la musique ou la littérature.
Pour donner des exemples, tout le monde connaît le grand canyon, mais qui a entendu parler des canyons du Rio Grande do Sul, encore moins les a visités ? Quelle ville américaine de plus d’un million d’habitants n’est pas connue du monde entier, alors que tant de villes chinoises, brésiliennes, indiennes, russes, argentines ou mexicaines aussi importantes sont totalement ignorées ?
L’Europe occidentale et centrale représente un troisième cas, avec des villes et des sites universellement connus, mais cela tient essentiellement au passé, à l’histoire, à l’extraordinaire montée du continent entre le XVe et le XIXe siècles, montée arrêtée net par l’autodestruction qu’il s’est infligé entre 1914 et 1945.
Bref, quand on fait cette rencontre, c’est le choc avec le fameux concept d’émergence, illustré par les BRIC. Vous allez dans un Etat du Sud du pays, vous vous attendez à trouver une ville moyenne un peu endormie, avec les clichés bien ancrés des Européens sur l’Amérique latine, et Vlan !, vous n’en croyez pas vos yeux, vous êtes face à un monstre, une sorte de Copacabana ou Ipanema à la puissance trois, Palm Beach à la puissance 5, La Baule à la puissance 10, dont vous n’aviez jamais soupçonné l’existence, même après quarante ans de relations étroites avec le pays…
Le président João Goulart, appelé au Brésil familièrement Jango, avait l’habitude de venir jouer ici avec ses enfants, il a une statue Avenida Atlântica. C’est lui qui a été renversé par le coup d’Etat militaire de 1964, début d’une dictature de vingt ans, le régime des généraux, et occasion d’un retournement complet de politique économique. D’enfant prodige du capitalisme entre 1964 et 1975, avec une croissance forte favorisée par l’ouverture extérieure, le Brésil est devenu son enfant prodigue par la suite, jusque dans les années 1990, avec une dette extérieure abyssale faisant à l’époque trembler le système monétaire international.
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19 décembre 2013 à 18:56 |
A Dubai brasileira : http://www.youtube.com/watch?v=7UJc6tR9voU
20 décembre 2013 à 11:30 |
Stupéfiant. Formidable exemple de biais cognitifs fort bien explicités.
20 décembre 2013 à 20:44 |
Et c’est joli au moins ?
20 décembre 2013 à 21:25 |
La ville, non, pas vraiment, c’est des tours, mais l’environnement est superbe.