Memento Mori : La mort s’invite au banquet, Giovanni Martinelli, 1635
Il s’agit en réalité d’une Vanité* particulièrement cruelle : un groupe de jeunes gens est en train de festoyer quand surgit de l’ombre, à droite du tableau, et à leur grand effroi, un squelette, figure de la Mort qui vient s’emparer de l’un d’entre eux. Une des femmes désigne le malheureux tandis que celui-ci, surpris, peine à comprendre son sort funeste, ne voulant pas encore y croire.
Le défaut de vanité nous pousse à poursuivre le vent, selon l’Ecclésiaste*, c’est-à-dire faire des efforts inutiles, condamnés par la brièveté de la vie. Elle est illustrée, cette vanité, par quelques toiles au NOMA, le musée des beaux arts de la Nouvelle Orléans, situé dans un grand parc de la ville.
Le bureau de l’avocat, de Marinus Van Reymerswaele, 1545, il est l’auteur du fameux « Deux percepteurs », au Louvre. La critique des avocats, de leur cupidité, avidité et voracité, ne date pas d’hier.
The latest news, Andries Andriesz Schaeck, 1660 :
Jan Mytens, Portrait de la famille Martini, 1647 :
Jan Lievens, Portrait d’un vieil homme avec barbe, 1640. Proche de Rembrandt, il était à l’époque considéré comme le meilleur artiste, le temps a inversé cette position :
Otto Marseus van Schrieck, Serpents et Insectes, 1647. Comme dans la première toile, cette peinture, en montrant la brutalité du monde naturel, peut être interprétée comme une vanité, rappelant la fragilité de la vie, un thème favori de la peinture hollandaise.
Willem Ormea et Adam Willaerts, Poissons et navires, 1658. Oeuvre commune : Ormea peignait les poissons, Willaerts les navires. Elle illustre l’orientation des Pays-Bas vers la mer – ils sont au XVIIe la grande puissance maritime – et la nourriture qu’elle fournit au pays, de même que l’intérêt scientifique de l’époque pour la description de la nature.
Luca Cambiaso illustre lui aussi la précarité de la vie et la faible durée de l’amour humain, « Vanity of Earthly Love » (Vanità o Amor profano), 1570. La jeune femme inclinée tient un crâne et un miroir, le vieillard emporte l’Amour (Cupidon), qui a un sablier à la main : C’est le Temps, qui détruit l’amour et laisse le personnage féminin devant la perspective de la vieillesse et de la mort.
Tiepolo peint son fils Lorenzo, tenant un livre, 1747 :
Gustave Doré peint la plus belle montagne du monde, le Cervin, ou Matterhorn, en 1873, sous un angle inhabituel :
Les murmures de l’Amour, William Bouguereau, peintre dit académique, 1889 :
à suivre…
* Vanité, oeuvre qui rappelle la vanité humaine et la brièveté de la vie, selon la formule de l’Ecclésiaste, Vanitas vanitatum, omnia vanitas (Vanité des vanités, tout est vanité). Quelques utilisations, Bossuet, Voltaire, Chateaubriand…
1.1 Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.
1.2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
1.3 Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil?
1.4 Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
1.5 Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
1.6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
1.7 Tous les fleuves vont à la mer**, et la mer n’est point remplie; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
1.8 Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire; l’œil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
1.9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
1.10 S’il est une chose dont on dise: Vois ceci, c’est nouveau! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés.
1.11 On ne se souvient pas de ce qui est ancien; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
1.12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem.
1.13 J’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c’est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme.
1.14 J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
1.15 Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté.
1.16 J’ai dit en mon cœur: Voici, j’ai grandi et surpassé en sagesse tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de sagesse et de science.
1.17 J’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie; j’ai compris que cela aussi c’est la poursuite du vent.
1.18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur. »
** Sauf l’Okavango, qui se jette dans le désert du Kalahari et n’atteint jamais l’océan Indien :
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