Lu enfin le bouquin, merci Claire et Laurent ! L’histoire de Salvador Alvarenga, pris dans une tempête qui désempare son embarcation de pêche devant les côtes du Mexique, et qui va survivre un an et trois mois à la dérive, en traversant le Pacifique.
On the one year anniversary of his journey adrift, the moon was full and José Salvador Alvarenga became the first person in history known to have survived an entire year in a small boat lost at sea.
Au 219e jour, soit au bout de 7 mois de dérive, sur une barque de 7,5 m sans rien, sans moyen de propulsion, même pas un aviron, sans matériel de pêche (perdu dans la tempête), sans eau, sans nourriture, juste une grosse boîte en bois pour s’abriter du soleil, il a parcouru, grâce aux courants, la distance Rio-Paris ! Il lui reste encore 1000 milles pour atteindre une terre (un atoll dans les îles Marshall), et encore 8 mois à survivre ! Mais il va passer les quatre premiers dans un flux circulaire (ocean eddy), qui le bloque dans la même immense zone, et même le font revenir en arrière, vers le Mexique !
Alvarenga had now drifted five thousand miles – the distance from Rio de Janeiro to Paris – at an average speed of one mile an hour (1 nœud !).
Sa survie est inimaginable, grâce à l’eau de pluie et aux poissons, méduses, coquillages sur la coque, tortues et oiseaux mangés crus, qu’il attrape à la main ! Et aussi sa détermination et son optimisme à toute épreuve. Son compagnon de 22 ans, ne survivra pas plus de quatre mois, il meurt de fatigue et de découragement, amaigri, la peau sur les os, en partie parce qu’il a refusé de manger les petits bouts de chair crue des oiseaux attrapés par Alvarenga.
Il doit sa survie à la zone traversée, proche de l’équateur, dans les doldrums, une zone d’orages et donc de pluies fréquentes, une des zones les plus isolées de la planète cependant, avec peu de chances de rencontrer un bateau :
He was extremely unlucky and terribly fortunate at the same time. « If you said someone left from the coast of Peru and drifted to Micronesia, that’s completely unbelievable », says Shang-Ping Xie, the noted climatologist. « In the southern hemisphere, there’s no rain to sustain life. People lost at sea off Peru have no chance of survival ». But looking at the band of clouds just north of the equator, Xie had no doubts that Alvarenga’s feat was possible. « Nature dictates our luck. »
Jason Lewis, who spent 13 years conducting the first human-powered circumnavigation of the earth, and spent weeks in a tiny paddleboat crossing the Pacific, describes the area Alvarenga inhabited as the quietest place on earth, with a silence both eerie and bizarre. « Because it’s totally quiet, theoretically it’s a beautiful place. … There’s the sun, the water is absolutely translucent, you can see straight down for hundreds of feet, and see nothing. And the absence of wind meant the silence was deafening. Like someone pulled the plug and the world around had grounded to a halt, my body being the only thing left switched on. »
He floated in the heart of the world’s largest marine sanctuary. This section of the Central Pacific is hoe to some of the healthiest shark populations left on earth and is one of the few remaining areas where sharks are free to reproduce as they once did in all the world’s oceans. Although sharks are demonized as man-eaters the equation is actually the other way round. For the roughly ten annual fatal shark attacks on earth, the world’s fishermen slaughter approximately 20 millions sharks a year, many of which end up as shark steaks on a dinner plate.
Un élément qui a joué aussi dans sa survie est qu’il avait l’âge idéal : à 34 ans assez d’expérience (12 ans en mer à sortir toutes les semaines), et en même temps assez de force physique. Aurait-il eu la vingtaine comme son compagnon, ou 54 ans (et même 44), l’histoire n’aurait sans doute pas été la même : la barque serait arrivée au même endroit, après plus d’un an, mais avec un cadavre, ou un squelette plutôt, nettoyé par les oiseaux, à bord :
He carried the optimum body type and precise age for an extreme survival situation. He was exceptionally strong but not too tall or muscled to require massive caloric intake, and at 34 years old near the perfect vortex of maximum strength and maximum experience.
On peut se demander aussi si un intellectuel aurait pu survivre, à l’ennui mortel de se retrouver seul pendant un an au milieu de l’océan, à ne rien faire pendant des jours et des nuits de douze heures (près de l’équateur), à regarder le temps passer de façon interminable. Une réussite du livre tient à cela, c’est le contraste entre l’ennui désespérant qu’on peut imaginer, le peu de choses qui se passent sur le bateau, et l’intérêt pourtant maintenu tout au long des chapitres. L’auteur convoque des spécialistes, des aventuriers, des marins, des océanographes, pour agrémenter ses chapitres, et sait trouver toujours l’anecdote intéressante. A la fin, quand le héros approche de la terre, on ne peut lâcher le bouquin, ça devient aussi palpitant qu’un roman de Ken Follett, on n’entend rien, on n’écoute rien, on reste figé dans sa lecture, le monde pourrait s’écrouler qu’on tournerait toujours les pages avec fébrilité, jusqu’à la délivrance du gars.
Sa réadaptation à la vie terrestre sera lente et difficile :
He was addicted to freedom. Adrift at sea, he had lived without walls. His ceiling a blanket of blinking stars. The moon his calendar. « Without the stars it felt like someone had unplugged the world », said Alvarenga as he described his first nights indoors. « Even lost at sea, the stars reminded me that everything was okay. Looking at the roof made me uncomfortable. »
Tout au long de l’équateur, la température moyenne était supérieure à 30° (90 Fahrenheit), 29 la nuit, avec 90% d’humidité. Le soleil est implacable dans la journée, il ne peut sortir plus d’un quart d’heure de son abri. L’huile du foie des poissons qu’il attrape lui sert de crème solaire…
Suite : Une mort lente
Articles de l’auteur du livre, Jonathan Franklin, dans The Guardian et The Sydney Herald, résumant l’histoire :
L’homme qui a disparu pendant quatorze mois
Comment survivre 438 jours au milieu de l’océan sur une barque à la dérive
La famille de Cordoba, le jeune qui était avec lui, l’accuse de l’avoir mangé… Naturellement personne d’autre que le survivant ne sait ce qui s’est passé sur la barque, mais ça semble peu probable, il a survécu plus d’un an, et ça ne lui aurait pas servi à grand-chose d’avoir de la chair humaine pendant quelques jours. Il semble plus que ce soit un moyen de bénéficier d’une partie des recettes du livre.
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7 novembre 2016 à 00:06 |
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