La Mecque de la voile

Le passage à Horta, dans l’île de Faial aux Açores, est un must absolu pour les voileux, pour ceux qui font le tour de l’Atlantique, depuis les alizés sous les tropiques, à l’aller, jusqu’au retour au printemps dans cette partie nord de l’océan. Tous les bateaux s’y retrouvent, c’est la Mecque de la voile hauturière en mai-juin, comme les Canaries et les Îles du Cap Vert en novembre-décembre chaque année. Une espèce de cap Horn soft, un passage obligé de la voile au large, et une fête permanente pendant deux mois. Le port de Horta est plein à craquer, les bateaux à couple alignés sur trois, quatre, cinq rangées, pour que tout le monde trouve sa place, avec un personnel accueillant, jeune et sympathique à la capitainerie. Une fête internationale, avec des gens de tous les pays, de l’Australie à l’Amérique, et surtout l’Europe, beaucoup de Français, d’Allemands, de Hollandais, d’Espagnols, de Britanniques, d’Italiens, de Scandinaves, de Suisses, de Polonais, etc.

Thula Thula, deuxième à partir de la droite, le 9 juin, trois jours après l’arrivée à Horta

Dans le guide des Atlantic Islands, excellent, on signale que les autorités demandent un « Certificado de competencia marinera », c’est-à-dire un permis-bateau*, ou l’équivalent de n’importe quel autre pays. En fait rien de tel, les services locaux ont abandonné cette exigence, avec l’idée sans doute que si vous êtes arrivé là, aux deux tiers de l’océan, c’est certainement que vous aviez les compétences requises. Ce n’est pas le port de Hyères ou de La Baule, c’est autre chose…

On a aussi le sentiment d’une enclave protégée des troubles de la planète, c’est un peu l’Europe des années 1950 qui se retrouve là en vase clos, comme sortie du temps. Une parenthèse bénie, avant de prendre à nouveau le large pour retrouver le monde réel, le monde d’aujourd’hui et ses problèmes. Pour faire un jeu de mots rapide, une Mecque de la voile, mais pas du voile…

Arrivée à Faial le 6 juin. Seize jours plus tôt, le 21 mai, départ des Bermudes avec Adventure of Stockholm, Elin, Adam et Rufus, perdu de vue après 24h. Sur une pareille distance, avec des bateaux différents, il est impossible de naviguer de conserve.

à Horta :

Magnifique pousada (auberge) dans le fort de Horta, au-dessus du port :

Le prince Henri, Henri le navigateur, est à l’honneur à Horta, avec sa devise française, « Talent de bien faire » inscrite sur la place centrale. Il reste un mythe mondial, même si son rôle dans les grandes découvertes est contesté par certains historiens. On ne sait pas très bien qui a découvert les Açores, mais deux choses semblent assurées, c’est que ces îles luxuriantes n’ont connu aucune présence humaine jusqu’au XVe siècle, et que leur découverte date bien du début de cette période, par des navires portugais, quand Henri lançait ses flottilles depuis l’Algarve.

Adventure of Stockholm fait son entrée dans le port le 8 juin, plus lourd (un Trintella 45 de 18 tonnes, contre seulement 8 pour le Nordship), il avance moins vite dans le petit temps et a mis deux jours de plus. Elin Bergman nous fait visiter son bateau à Stockholm, très sûr et confortable, il date de 1983, mais il paraît neuf. A noter le compartiment moteur, une vraie salle-machine où on peut tenir debout ! 

Le même matin, Michal fait aussi son entrée. Parti une semaine avant nous, il a donc mis 25 jours, seul dans l’océan sur son bateau de cinq mètres, pour relier les Bermudes aux Açores… Le bateau étant un peu inconfortable, il vient s’installer dans la cabine avant de Thula Thula pour la durée du séjour à Horta, une dizaine de jours.

On pourrait dédier à Michal ces vers d’Agrippa d’Aubigné, poète lié aux Açores d’une étrange façon, voir post suivant…

En un petit esquif éperdu, malheureux,
Exposé à l’horreur de la mer enragée,
Je disputais le sort de ma vie engagée
Avec les tourbillons des bises outrageux.

Tout accourt à ma mort : Orion pluvieux
Crève un déluge épais, et ma barque chargée
De flots avec ma vie était mi-submergée
N’ayant autre secours que mon cri vers les cieux.

Un tour de l’île de Faial, moins de 100 km :

Horta, Azores and general stuffs, par Susan S.

* Permis passé à Dakar en 1983 ! 

 

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Une Réponse to “La Mecque de la voile”

  1. JB Says:

    « Mais c’est un autre port, celui de Horta sur l’île de Faial, qui exerce une attraction magnétique sur les marins du monde entier.
    « Seuls ceux qui ont vu les Açores depuis le pont d’un navire ont conscience de la beauté de ces îles au milieu de l’océan », écrit Joshua Slocum dans son célèbre ‘Sailing Alone Around the World’, récit du premier tour du monde à la voile en solitaire. »
    https://www.lefigaro.fr/voyages/inspiration/carnet-de-route-dans-l-archipel-des-acores-neuf-iles-atlantiques-et-ensorcelantes-20220513?

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