C’est la réponse de Sebastião José de Carvalho e Melo, marquis de Pombal, quand on lui demanda : « Et maintenant ? », après le tremblement de terre et le tsunami qui firent plus de 50 000 victimes et détruisirent la ville en 1755 : « Enterrez les morts et occupez-vous des vivants », symbole de l’esprit pratique qui marqua ensuite son gouvernement (1755-1777). On est en plein siècle des Lumières, Voltaire et Rousseau se disputeront sur l’interprétation à donner à la catastrophe, pourquoi Dieu a-t-il laissé ainsi punir un des pays les plus pieux du continent, pourquoi aussi la destruction de toutes ces églises ?
Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien » ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés ;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours !
Le merveilleux Museu do Azulejo, construit autour d’une église et d’un cloître, montre un immense panneau (23m) de la ville avant l’événement, tout a été détruit. A noter la superbe cafeteria et son patio, on y passerait des heures. Vidéo du panneau. Le musée sur Wikipédia. L’azulejo, ou carreau de faïence, expliqué.
Une autre anecdote instructive sur Pombal : quand il fait reconstruire la ville basse (Baixa) selon un plan de rues et d’avenues perpendiculaires, comme ça commence à se faire à l’époque, un de ses conseillers lui demande : « Mais pourquoi faire des avenues aussi larges ? » « Un jour elles paraîtront petites », répond-il. Quand on se balade dans la Baixa maintenant, on ne peut que constater son esprit visionnaire.
Moins connu est le fait qu’il abolit l’esclavage avec des décennies d’avance sur la France et la Grande-Bretagne, dès 1761, contrôle l’Inquisition, et met fin à la discrimination dont sont victimes les juifs convertis (cristãos novos).
On voit sur l’image, datant de la fin du XVIIIe, Saint Elphège se préparant à chasser les diables qui assaillent un pauvre moine. Elle vient d’une gravure de 1598, de Martin de Vos La plupart des azulejos du musée voient ainsi leur origine retracée, on peut se perdre une journée à voir évoqués ainsi les grands mythes européens. Un autre exemple est celui d’une gravure de 1740, du cabinet de François Boucher, « peintre du Roy, représentant deux Chinoises, une théière et un enfant
, inspirant une faïence de la même époque :
- Saint martyrisé par les Romains
- Voiliers sur le Tage (détail du grand panneau)
Étiquettes : azulejos, Esclavage, faïence, Inquisition, Lisbonne, Martin de Vos, Museu do Azulejo, Nouveaux chrétiens, Pombal, Rousseau, Saint Elphège, Saint Elphegus, São Elfego, Sebastião José de Carvalho e Melo, Voltaire
9 novembre 2017 à 00:11 |
Superbe
11 novembre 2017 à 20:13 |
[…] de tiles (carreaux de faïence, aka azulejos), des azulejos en veux-tu, en voilà, complétant le musée de la rue Madre de Deus. Les dessins évoquent irrésistiblement l’art naïf, mais cela aux XVIIe et XVIIIe siècles […]
29 août 2018 à 19:04 |
[…] ce n’est pas au Portugal un nom donné à la suite de la reconstruction des villes, après le monstrueux tremblement de terre de 1755, mais plutôt un nom d’origine médiévale, lorsqu’un village se créait à […]