Le palais, maintenant musée, d’Ajuda, à Belém, est très riche en œuvres et évocations diverses, on y trouve aussi, pêle-mêle, les Beauharnais, Canova, Sigmaringen, Pierre II, empereur du Brésil, Napoléon III, et un zouave, égaré…
Ci-dessus, une reproduction de la célèbre sculpture au Louvre, très érotique, de Canova (XVIIIe siècle), Eros et Psyché, ou Le cœur et l’âme. Rappelons qu’il s’agit d’un conte d’Apulée (IIe siècle) : Vénus jalouse de la beauté sans pareille de la jeune Psyché cherche à se venger, et après des démêlés compliqués cette dernière tombe dans un profond sommeil semblable à la mort, jusqu’à ce que Cupidon la réveille avec le baiser immortalisé par Canova (et de nombreux peintres et sculpteurs, sans compter les poètes, écrivains, musiciens ou psychanalystes…).
La famille Beauharnais est bien représentée au palais, toute une salle leur est consacrée, du fait des liens avec la monarchie portugaise. La plus célèbre est bien sûr Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon, impératrice de 1804 à 1809, mais qui n’était pas elle-même une Beauharnais, elle doit son nom à son premier mari, Alexandre de Beauharnais, guillotiné sous la Révolution. Leur fils, Eugène, représenté ici sous des traits furieusement romantiques, grand général de l’Empire (il sauve les restes de la Grande Armée pendant la retraite de Russie) a aussi été vice-roi d’Italie :
La sœur d’Eugène, Hortense de Beauharnais, épouse Louis Bonaparte, frère de Napoléon, et devient reine de Hollande sous l’empire, elle est la mère de Napoléon III, représenté aussi au palais, dans ses beaux jours :
La fille d’Eugène, Eugénie, est devenue une princesse allemande, elle est aussi à Ajuda :
Mais les Beauharnais interviennent dans la monarchie portugaise avec le petit-fils de Joséphine et fils d’Eugène, Auguste Charles Eugène Napoléon de Beauharnais, qui épouse la reine Maria II du Portugal et devient prince consort. Une autre fille d’Eugène (il a eu sept enfants), Amélie, épouse Pierre IV du Portugal, également empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier.
Une princesse allemande, Stéphanie de Sigmaringen, sans lien avec les Beauharnais, devient reine consort du Portugal, en épousant Pierre V. Elle meurt de diphtérie à 22 ans, sans avoir consommé son mariage… Son portrait et le château de Sigmaringen sont exposés au palais :
Naturellement Sigmaringen est plus connu maintenant comme le refuge des collaborateurs français et de la milice de 1944 à 1945, dans la déroute des armées allemandes, emmenant avec elles Pétain, Laval, de Brinon, Céline et un millier d’autres. Ils y reconstituent un gouvernement fantoche en exil, une enclave française en Allemagne, avec les rumeurs folles de victoire des nazis en dernière minute, qui rappelle l’expérience de la république de Salò au nord de l’Italie (1943-45), après que Mussolini, arrêté à Rome par Victor-Emmanuel III, ait été enlevé par le fameux commando Skorzeny. Dans D’un château l’autre, Céline décrit la vie à Sigmaringen.
L’empereur du Brésil, Dom Pedro II, dans sa jeunesse, par Ferdinand Krumholz :
Un zouave à l’éventail, soldat du contingent algérien, sous Napoléon III, par Charles Edouard Armand-Dumaresq :
Une curieuse nature morte, très sophistiquée dans son mélange, avec un côté surréaliste avant la lettre, auteur inconnu :
Étiquettes : Ajuda, Alexandre de Beauharnais, Amélie de Leuchtenberg, Amour et Psyché, Auguste de Beauharnais, Belem, Canova, Céline, Charles Edouard Armand-Dumaresq, Cupidon, D'un château l'autre, Eugène de Beauharnais, Eugénie de Beauharnais, Ferdinand Krumholz, Hortense de Beauharnais, Louis Bonaparte, Maria II du Portugal, Mussolini, Napoléon, Napoléon III, Otto Skorzeny, Pierre Ier du Brésil, Pierre II du Brésil, Pierre IV du Portugal, Pierre V du Portugal, République de Salo, Sigmaringen, Stéphanie de Sigmaringen
14 février 2019 à 03:20 |
[…] travels ahead of oneself" Proverbe touareg « Sur trois marches de marbre rose Ajuda, suite […]