Trois étapes de la mondialisation, à la Sociedade Histórica, Palácio da Independência
Merci à Ana Proserpio et Loïc Le Cam pour avoir permis et organisé cette intervention.
Quelques thèmes abordés :
1) Première étape : L’Afrique, berceau de l’humanité, apparue il y a plusieurs millions d’années. Charles Darwin a été le premier à formuler cette idée, l’abondance des restes trouvés par la suite l’a confortée.
La première sortie d’Afrique (Diamond) :
Il y a environ 7 millions d’années, les proconsuls (des primates) en Afrique ont été à l’origine des premiers hominidés dans les savanes de l’Est africain. Puis, la formation du Rift, un effondrement de la croûte terrestre, les aurait transformés en bipèdes, se tenant debout, tandis que dans les forêts de l’Ouest, aucune adaptation n’était nécessaire. C’est l’East side story du professeur Yves Coppens. Se tenir droit permet de voir de loin les prédateurs, cela libère aussi les bras pour porter des charges et utiliser les premiers outils, les mains commencent à être employées de diverses façons et pas seulement pour attraper les branches ou courir le long du sol. En plus, la position debout évite la chaleur et l’humidité excessives au sol, grâce au vent, et l’exposition de tout le corps au soleil. Une petite partie seulement est exposée ce qui fait que le bipède peut être actif plus longtemps dans la journée, chasser sur des distances plus grandes, et obtenir ainsi plus de nourriture que la plupart des animaux. Et ayant ainsi un « meilleur système de refroidissement », le cerveau peut grandir.
Depuis l’Afrique de l’Est, Homo erectus a peuplé le monde, un million d’années vers l’Asie, un demi-million vers l’Europe, il y a 40 000 ans vers l’Océanie et 12 000 ans vers les Amériques.
Homo sapiens apparaît il y a 300 000 ans en Afrique également, il est doté d’un cerveau plus grand que son prédécesseur, Homo erectus, il découvre le feu, fait les premières sépultures. Et finalement Homo sapiens sapiens apparaît il y a 70 000 ans, au moment de grandes transformations : les premiers langages, les bijoux, les lances, les arcs, les harpons, les armes et outils divers, les cordes, les maisons, les vêtements cousus, et l’art bien sûr (Lascaux, Altamira), c’est l’homme de Cro-Magnon. Homo sapiens sapiens apparaît d’abord aussi en Afrique, et de là va également peupler le monde.
On a donc, ce qui est moins connu, deux grandes vagues d’émigration, la première d’hommes archaïques, du type homo erectus, il y a un million d’années, dont les descendants sont par exemple les hommes de Néandertal qui peuplent l’Europe, la seconde celle d’homo sapiens sapiens, qui rencontre les premiers. Cette rencontre se traduira par la disparition progressive de toutes les autres espèces, comme Néandertal, même s’ils se sont mélangés. Ne reste plus depuis ces temps reculés que nous, tous les autres ont disparu. Un point qui peut sembler inquiétant sur la vulnérabilité de l’espèce humaine, surtout à cette heure de craintes liées au climat et à la pollution.
Un deuxième point peu connu est que cette deuxième sortie d’Afrique se fait à partir d’un très petit nombre d’individus au départ, ceux qui passent d’Afrique en Asie, peut-être quelques centaines seulement selon les préhistoriens. Ce qui fait que le même ADN a été trouvé dans toutes les populations à l’extérieur de l’Afrique, qui a son origine dans ce petit groupe initial, une petite population de pionniers traversant le Sinaï vers le Moyen Orient et le reste de la planète. Un effet goulet d’étranglement au départ qui a réduit l’arc des caractéristiques génétiques en Europe, en Amérique et en Asie, par rapport au continent noir.
Autrement dit, il y a plus de similitudes entre un Européen et un Asiatique ou un Amérindien, tous ayant le même bassin limité origine, qu’avec les Africains. En Afrique, le stock génétique est beaucoup plus varié, ce qui autorise les visions les plus optimistes sur le continent. Les capacités des Africains seraient ainsi beaucoup plus élevées, même si elles n’ont jusqu’à présent pas toujours eu l’occasion de donner leur pleine mesure. Mais la faculté d’adaptation des peuples d’Afrique est hors du commun (traite, esclavage, peuplement des Amériques, ex. des Antilles) ainsi que les capacités uniques en matière sportive (course de fond, course de vitesse pure, basket, foot, etc.).
Toute capacité influencée par la diversité des gènes sera plus extrême en Afrique, les gens naturellement les plus grands, ou les plus petits, se trouvent ainsi sur le continent noir. Des capacités inhabituelles, aux extrêmes, sont plus communes en Afrique.
Depuis la fin des années 1990 (après l’abandon de politiques économiques désastreuses), la croissance économique est plus élevée que dans le monde développé, de l’ordre de 4 à 5 % par an, ce qui signifie un doublement du revenu par tête tous les 15/20 ans. Les idées favorables au marché progressent avec la disparition progressive des lutteurs anticolonialistes imprégnés d’idées marxisantes, Sékou Touré, Nyerere, Mugabe, Mengistu, etc. L’éducation progressera avec le développement, mettant à profit les capacités évoquées plus haut.
On peut ainsi penser que la diversité génétique dans une Afrique plus riche fournira un panier de génies sans précédent dans l’histoire : « Dans un siècle environ, les plus grands scientifiques et artistes seront des Noirs, mais aujourd’hui un Mozart au Nigeria enfonce la charrue, un Basho au Mozambique a été recruté comme enfant-soldat, un Tagore en Afrique de l’Est garde le troupeau de zébus de son père, une Jane Austen au Congo passe ses jours d’illettrée à porter de l’eau et à laver des habits. » D. McCloskey
2) Deuxième étape : Le Portugal, XVe-XVIe siècle, l’ouverture de l’Afrique noire, la domination de l’océan Indien pour plus d’un siècle.
Pourquoi le Portugal ?
Géographie, extrême-Occident, aux portes de l’Afrique, unification du pays précoce, permettant de se consacrer aux expéditions extérieures au lieu d’être accaparé par les conflits internes.
Par exemple, une remarque souvent faite (par les Portugais) sur les grands noms des explorateurs : pourquoi si peu de noms français dans l’histoire, à part Jacques Cartier, et encore, peu connu ici ? La réponse est simple, la France au XVe siècle sort à peine de la guerre de cent ans, la France au XVIe siècle s’engage dans les guerres de religion. L’exemple de Gaspard de Coligny, l’amiral qui avait lancé l’aventure de la France antarctique dans la baie de Rio, assassiné lors de la St Barthélémy, est assez parlant.
La dure école de la pêche dans l’Atlantique nord, conditions spéciales à la côte portugaise
L’empirisme des marins et les techniques nouvelles (voile latine)
Remonter au vent, naviguer de nuit, orientation des alizés
La tentative chinoise
De 1405 à 1433, expéditions et explorations du Pacifique et de l’océan Indien par l’amiral Zheng He, puis arrêt brutal (lobby auprès de l’empereur sur le coût des expéditions, sommes mieux employées dans les infrastructures internes). Même dates que pour le début des explorations portugaises.
Arrêt en Chine, impossible en Europe : empire unique vs division politique stable, assurance collective, idées, innovations
Les Chinois avant Colomb en Amérique et avant Magellan autour du monde, histoire bidon…
Différences entre Espagne et Portugal, les Portugais inventeurs de la découverte organisée (ex. conquête spatiale), cf. Boorstin, Les Découvreurs.
Le Portugal et l’Espagne sont les deux pays pionniers du monde moderne. Le Portugal de façon systématique, avec la première découverte organisée de l’histoire, le long des côtes africaines, l’Espagne de façon plus aléatoire, avec le caractère fortuit de la découverte du Nouveau Monde (Colomb n’avait aucune idée de l’existence d’un nouveau continent, après quatre voyages il est toujours persuadé d’avoir abordé les premières terres asiatiques).
On a eu tendance à oublier ce côté pionnier du fait qu’à partir du XVIIe siècle les deux nations ibériques entrent dans un long déclin, laissant les premières places à la Hollande, la France et la Grande-Bretagne, avec les révolutions scientifique, technique et industrielle des XVIIe et XVIIIe siècles. Mais en ouvrant le monde à un commerce global, sur quatre continents, les puissances ibériques ont tracé la voie. Le commerce atlantique par exemple est devenu le grand axe de la prospérité occidentale au XIXe, véritable boulevard des échanges, auquel nous devons notre abondance et nos niveaux de vie.
Pourquoi ça n’a pas été le contraire, les Africains en Europe ?
Question saugrenue : l’avance européenne, le retard africain
La question de Yali, Jared Diamond, en Papouasie-Nlle Guinée
Mais alors pourquoi le retard africain ?
Trois théories, compatibles entre elles
i) L’isolement géographique, les océans, la barrière du Sahara
Trois mois pour le traverser, risques énormes, autre océan, ‘ports’ au sud et au nord du Sahara
Autrement dit, les grandes inventions, comme la roue, la monnaie, l’écriture, la voile, n’ont pas atteint l’Afrique sub-saharienne du fait de cette coupure. Elle n’a pas bénéficié des découvertes faites dans les régions plus peuplées du monde, en Asie et en Europe. Même chose pour les Amériques et l’Australie, avec un isolement encore plus prononcé.
ii) Les côtes rectilignes, la thèse de la « thalassographie articulée ».
L’Europe, péninsule, et même « une péninsule de péninsules » (Eric Jones), et de grandes îles.
Abris naturels pour la navigation, facilité des déplacements par voie d’eau, mers protégées (Baltique, Méditerranée), donc échanges faciles, spécialisation, développement, croissance. Tout cela impossible, ou plus difficile en Afrique.
Thèse de la thalassographie articulée, de David Cosandey, Le Secret de l’Occident
iii) Jared Diamond, orientation Est-Ouest et Nord-Sud des continents
La circulation des techniques et des produits, notamment dans le domaine agricole, est facilitée par une orientation Est/Ouest, du fait d’un climat largement similaire : les mêmes plantes, les mêmes animaux, les mêmes pratiques peuvent se diffuser facilement, d’où un effet favorable pour l’adoption des meilleures techniques, un enrichissement mutuel à travers le continent eurasiatique, de la Chine à l’Europe.
Au contraire, dans une orientation Nord/Sud, comme en Afrique ou dans les Amériques, on passe de climat froid à des climats tempérés, puis subtropicaux, tropicaux, équatoriaux, puis dans l’autre sens, vers le sud, tropicaux, subtropicaux, tempérés, froids, etc.
Autrement dit, les mêmes plantes, les mêmes animaux, ne peuvent être cultivées ou utilisés, les techniques sont différentes, les pratiques ne peuvent se diffuser, être imitées, la nature est un obstacle au développement.
D’où le blocage relatif dans les cultures américaines précolombiennes et en Afrique subsaharienne, et inversement la croissance, les inventions, le progrès technique, en Eurasie.
Environ 14 000 km pour l’Eurasie. L’Amérique du Nord s’étend sur un axe Est-Ouest, de la Nouvelle Ecosse à la Californie, sur environ 5000 km, l’Amérique du Sud de Recife à Quito sur 4000 km, et l’Afrique, dans sa plus grande extension Est-Ouest, sur 6000 km de Dakar à la corne du continent. L’Australie, environ 3000.
Exemple de barrière climatique, la fin de l’expansion bantoue à la Fish River, début du climat méditerranéen au sud de l’Afrique australe. Facilité de l’implantation hollandaise en 1652 dans la région du Cap, ne trouvant en face d’eux qu’une population clairsemée de Bushmen et Hottentots (repoussés eux-mêmes par l’avancée bantoue). Culture de la vigne par les Huguenots chassés de France en 1685 par la révocation de l’édit de Nantes :
3) Troisième étape : Les deux mondialisations contemporaines
1900 Keynes, Zweig, comparaison, avant et après WWI
i) La première mondialisation est celle des années 1880-1914, décrite ainsi par Keynes :
La vie offrait, à partir des classes moyennes supérieures, à un faible coût et peu de soucis, les avantages, le confort, les facilités bien au-delà des plus riches et puissants monarques des âges antérieurs. Un habitant de Londres pouvait commander par téléphone, en sirotant son thé du matin au lit, les divers produits de la Terre entière, en quantité désirée, et pouvait raisonnablement s’attendre à les voir délivrés rapidement sur son pas de porte. Il pouvait aussi, par les mêmes moyens, aventurer ses capitaux dans les ressources naturelles ou les entreprises de n’importe quel coin du monde, et partager, sans effort ni difficulté, leurs fruits prospectifs et gains divers.
Dans Les conséquences économiques de la paix, 1920
Stefan Zweig, dans Le monde d’hier (1942), décrit le même genre de situation à Vienne, dans les années précédant la Première Guerre mondiale
Avant 1914, chacun allait où il voulait et y restait aussi longtemps qu’il voulait, et cela m’amuse toujours de voir l’étonnement des jeunes lorsque je leur raconte que je voyageais en Inde et en Amérique sans avoir de passeport et même n’en avais jamais vu aucun.
…
L’État ne songeait pas à soutirer en impôts plus de quelques pour cent, même sur les revenus les plus considérables…
La colonisation, au cœur de cette période, la mondialisation de la fin du XIXe, avec trois à quatre siècles de traite et d’esclavage l’ayant précédée. Les départs de la traite atlantique (Ph. Curtin) :
Colonisation, opposition entre Marx et Engels d’un côté, Lénine et les tiers-mondistes de l’autre.
Pour Marx et Engels, la colonisation permet une révolution sociale dans des pays caractérisés par le despotisme oriental en Asie, ou l’archaïsme de type féodal ou esclavagiste, en Afrique.
« Le pays le plus développé industriellement ne fait que montrer, au moins développé, une image de son propre futur. » Marx, Préface du Capital, 1867
« L’intervention anglaise en Inde détruisit ces petites communautés semi-barbares, semi-civilisées, en sapant leurs fondements économiques et produisit ainsi la plus grande, et à vrai dire la seule, révolution sociale qui ait jamais eu lieu en Asie. » NY Daily Tribune, 25 juin 1853
Avec Lénine, on assiste à une volte-face par rapport à Marx, le colonialisme bloque les pays concernés dans le sous-développement, il est en plus nécessaire à la survie du capitalisme. Les tiers-mondistes par la suite reprendront la position de Lénine.
Jusqu’à Bill Warren, marxiste gallois, qui préconise un retour à Marx
L’idée développée est que le capitalisme, introduit par l’impérialisme européen, est un progrès par rapport aux sociétés antérieures, caractérisées par des systèmes précapitalistes, esclavagistes ou féodaux, encore pires. Seule, selon Warren, l’introduction du capitalisme permettra l’accumulation du capital, la sortie du sous-développement, et le passage plus tard à la société plus évoluée du socialisme. Warren reste un marxiste, mais fidèle à la vision du fondateur.
Warren adopte le thème du philosophe Hegel, La ruse de la raison, adaptant sa vision du rôle des conquêtes napoléoniennes au colonialisme. Hegel parle au début du XIXe siècle, à la suite des guerres de la Révolution et de l’empire, Napoléon n’avait pas pour but le progrès des idées en Europe, c’est un conquérant brutal, mais il emmène néanmoins dans ses fourgons, en soumettant toute l’Europe continentale, les idées de la Révolution, qui vont transformer tous ces pays caractérisés jusque-là par des monarchies absolues et conservatrices.
Le principe est le même pour le colonialisme, selon Warren, les buts étaient souvent sordides, mais le résultat a été de moderniser, et sur le plan économique, et sur le plan des idées, des pays figés dans un conservatisme ancestral. En plus, les idées même de démocratie, de liberté, d’égalité, d’indépendance, même si elles étaient à l’opposé des pratiques coloniales, ont été utilisées par les peuples colonisés ensuite pour leur libération.
ii) Recul de la mondialisation dans la première partie du XXe siècle, un arrêt dramatique entre les deux mondialisations : guerres, protectionnisme, nationalisme, le long conflit européen, 1914-45, avec trêve entre 1918 et 1939, et la crise de 29.
Spirale du CI, Schéma Kindleberger :
iii) Mondialisation après 1945, accélérée après 1989 et la chute du mur, transition pacifique
Exception, la Yougoslavie, les guerres des années 1990. Norman Davies les explique par la concentration de fractures et divisions dans le pays, attisant les conflits, et qui apparaissent avec son concept de Lignes de faille en Europe, se concentrant dans cette région des Balkans.
1 Division géographique, Europe de l’Ouest, Europe de l’Est
2 Ligne de romanisation
3 Catholiques/orthodoxes
4 Ligne ottomane
5 Industrialisation du XIXe
6 Rideau de fer, socialisme planifié vs capitalisme de marché
Pays sans ligne de faille : Portugal, Espagne, Russie, Turquie, France, Suisse, Irlande.
Pays avec une ligne de faille : Grande-Bretagne, Italie, Autriche, Suède, Grèce, Pays-Bas.
Pays avec deux lignes de faille : Allemagne, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie.
Conclusion, deux révolutions économiques
i) La révolution néolithique, cerca -8000
Le passage à l’agriculture, grâce aux femmes, à l’origine des premières grandes civilisations (Sumer, Egypte, Mésopotamie, Assyrie, puis Grèce antique, Rome, quelque 4000 après).
ii) La révolution industrielle, depuis 1760, paradigme du noyau industriel capitaliste en expansion depuis son origine en Grande-Bretagne. La courbe en batte de hockey (hockey stick curve) :
Nous sommes toujours dans cette révolution économique, ce qui veut dire que nous allons d’une situation vers 1750 où l’énorme majorité de la population est misérable, quelle que soit la région du monde, et où une minorité jouit de luxe et de privilèges (mais qui envierait le niveau de vie actuel d’une famille moyenne), à une situation (qu’on peut déjà constater dans les pays dits développés), caractérisée par une vaste classe moyenne aux niveaux de vie élevé. Le phénomène gagne, la classe moyenne s’étend partout, voir la Chine et les pays émergents, autrement dit on peut s’attendre, à la fin du siècle à situation où le sous-développement et la misère de masse auront disparu.
D’une misère généralisée en 1750, en passerait donc, selon ces prévisions favorables, à une opulence généralisée vers 2100.
Mais ce qui est sûr, c’est que pas plus les hommes du néolithique, qui pourtant vivaient une révolution économique, ne pouvaient avoir l’idée de ce que serait une civilisation telle que l’Egypte des Pharaons ou la Rome antique, nous ne pouvons avoir une idée précise, à part l’hypothèse d’abondance évoquée à l’instant, de ce que seront les sociétés humaines lorsque la révolution économique en cours aura épuisé ses effets.
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Annexe, texte original de John Maynard Keynes sur la période avant 1914 en Europe:
What an extraordinary episode in the economic progress of man that age was which came to an end in August 1914! The greater part of the population, it is true, worked hard and lived at a low standard of comfort, yet were, to all appearances, reasonably contented with this lot. But escape was possible, for any man of capacity or character at all exceeding the average, into the middle and upper classes, for whom life offered, at a low cost and with the least trouble, conveniences, comforts, and amenities beyond the compass of the richest and most powerful monarchs of other ages. The inhabitant of London could order by telephone, sipping his morning tea in bed, the various products of the whole earth, in such quantity as he might see fit, and reasonably expect their early delivery upon his doorstep; he could at the same moment and by the same means adventure his wealth in the natural resources and new enterprises of any quarter of the world, and share, without exertion or even trouble, in their prospective fruits and advantages; or he could decide to couple the security of his fortunes with the good faith of the townspeople of any substantial municipality in any continent that fancy or information might recommend. He could secure forthwith, if he wished it, cheap and comfortable means of transit to any country or climate without passport or other formality, could despatch his servant to the neighboring office of a bank for such supply of the precious metals as might seem convenient, and could then proceed abroad to foreign quarters, without knowledge of their religion, language, or customs, bearing coined wealth upon his person, and would consider himself greatly aggrieved and much surprised at the least interference. But, most important of all, he regarded this state of affairs as normal, certain, and permanent, except in the direction of further improvement, and any deviation from it as aberrant, scandalous, and avoidable. The projects and politics of militarism and imperialism, of racial and cultural rivalries, of monopolies, restrictions, and exclusion, which were to play the serpent to this paradise, were little more than the amusements of his daily newspaper, and appeared to exercise almost no influence at all on the ordinary course of social and economic life, the internationalization of which was nearly complete in practice.”
Extrait du chapitre 2 de The Economic Consequences of the Peace, 1920
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9 juin 2019 à 18:24 |