Ex Africa semper aliquid novi

Conférence Zoom Afrique, UFE Lisbonne,19 mai 2021

A l’occasion de la sortie de ce livre au Portugal, quatre questions sur l’histoire de l’Afrique seront évoquées ici.

La sortie d’Afrique ; l’expansion bantoue ; le Mfecane ; les écarts de développement

1. Sortie d’Afrique

Hominidés – 7 M

Homo Habilis – 2,3 M

Homo Ergaster – 1,9 M

Homo Erectus – 1,7 M

Homo Sapiens – 300 000 (le feu)

Sapiens sapiens – 70 000 (Cromagnon, homme actuel)

Deux sorties d’Afrique :

La première : Homo Erectus, il y a plus d’un million d’années (voir carte).

La seconde : Homo Sapiens sapiens, il y a environ 70 000 ans. Quelques milliers d’individus seulement. De ce fait : diversité génétique plus grande en Afrique, écarts extrêmes en positif et en négatif.

Homo sapiens sapiens : « grand bond en avant », langues, outils uniformisés, bijoux, harpons, hameçons, lances, arcs et flèches, cordes, maisons, vêtements cousus, art unique (Lascaux, Altamira).

Les préhistoriens, ou paléoanthropologues, exercent une profession difficile : trop loin dans le temps, aucune certitude. Ex. Le concept homo sapiens sapiens, adopté pendant un temps, tend à être abandonné maintenant, et ex. 2 l’East side story, du professeur Coppens, selon laquelle l’homme bipède viendrait d’une fracture géologique en Afrique, un effondrement de la croûte terrestre, la formation du rift en Afrique de l’Est :

Les proconsuls (des primates) en Afrique ont été à l’origine des premiers hominidés dans les savanes de l’Est africain. Puis, la formation du Rift les aurait transformés en bipèdes, se tenant debout, tandis que dans les forêts de l’Ouest, aucune adaptation n’était nécessaire. C’est l’East side story du professeur Yves Coppens. Se tenir droit permet de voir de loin les prédateurs, cela libère aussi les bras pour porter des charges et utiliser les premiers outils, les mains commencent à être employées de diverses façons et pas seulement pour attraper les branches ou courir le long du sol. En plus, la position debout évite la chaleur et l’humidité excessives au sol, grâce au vent, et l’exposition de tout le corps au soleil. Une petite partie seulement est exposée ce qui fait que le bipède peut être actif plus longtemps dans la journée, chasser sur des distances plus grandes, et obtenir ainsi plus de nourriture que la plupart des animaux. Et ayant ainsi un « meilleur système de refroidissement », le cerveau peut grandir.

Eh bien, j’écoutais l’autre jour le professeur Coppens à la radio, qui annonçait que sa théorie avait été rendue caduque par des découvertes récentes de fossiles, et il ajoutait : « Ce n’est pas si mal, elle a tenu trente ans ! »

2. Expansion bantoue, de -3000 à + 1000 (3000 BC à 1000 AD, ou 3000 BCE à 1000 CE[1], soit 3000 avant J.-C. à 1000 après.

Il s’agit d’une lente migration depuis la région du Cameroun et du Nigeria vers le sud et l’est du continent.

“Une contribution majeure à l’histoire de l’humanité.” (Gann & Duignan, 2000)

“Une des plus grandes, bien que peu connue, migrations humaine de l’histoire.” (Iliffe, 1995)

“Un événement sans équivalent dans l’histoire mondiale.” (Reader, 1999)

Deux révolutions économiques :

  • Néolithique, découvert de l’agriculture – 8000, Anatolie ; – 7000, Chine ; Afrique, – 6000 ; Amérique, – 3500
  • Industrielle, en 1760 et après en Grande-Bretagne.

“L’agriculture rendit possible la vie dans des villages établis, à la difference du camp de chasseurs itinérants de l’époque paléolithique ; elle rendit possible l’accumulation d’équipements matériels sur une échelle qui aurait simplement été un handicap pour le chasseur/cueilleur nomade ; elle permit enfin pour la première fois des densités de population mesurables en termes d’hommes par km2, et non pas de km2 par homme.” (Oliver and Fage, 1990)

Sédentarisation, poterie, essor démographique (hausse de la natalité plus que baisse de la mortalité), accumulation matérielle, les peuples nomades de chasseurs ne peuvent emmener avec eux que l’essentiel : des armes, peu d’enfants, le strict minimum qui peut être porté, certainement pas des poteries, des céramiques, des imprimeries ou des métiers à tisser, seuls des peuples sédentaires peuvent accumuler des possessions non transportables. (Diamond)

Le Sahara, zone de culture et d’élevage avant – 2500


Peintures rupestres du Tassili

Désertification par la suite, repoussant les peuples au nord (Berbères), à l’est vers l’Egypte, à l’ouest (Mauritanie, moins aride) et au sud, tous les peuples du Sahel. Les animaux aussi, lions et éléphants en Afrique du Nord (Hannibal). C’est une longue période de migrations, sur plus de mille ans, avec des périodes de recul et d’arrêt, selon le retour des pluies.

Expansion bantoue, facilitée par l’avance technique de ces peuples/chasseurs-cueilleurs, mais aussi par le rôle des maladies (le paludisme), dont sont victimes ces derniers, les bantous étant devenus plus résistants (exactement comme les Européens vs les Indiens d’Amérique, ou plus tard les Européens en Afrique du sud vs les Khoïsan).

Le point de départ est l’Afrique de l’Ouest, au nord de la grande forêt équatoriale, dans la zone correspondant à l’est du Nigeria et le nord-ouest du Cameroun, facilitée par le réseau dense des voies d’eau (voir carte). Des cultivateurs, des éleveurs, maîtrisant le tissage, la poterie, et plus tard le travail du fer, opposés aux chasseurs/cueilleurs qu’ils repoussèrent vers la forêt et le sud du continent.

J. Diamond : « A military-industrial package impossible to stop» (dans l’Afrique équatoriale, orientale et australe de l’époque).


Les Africains, plus avancés et plus nombreux que les Indiens d’Amérique, et donc résistant mieux aux Européens. Pas de disparition/dispersion/élimination comme dans les Antilles ou l’Amérique du Nord et le sud de l’Amérique latine (Argentine, Chili, Uruguay). Bière de millet couramment utilisée, donc moins de risques avec les alcools de l’homme blanc.

“Les anciens Bantous qui se sont répandus vers l’Afrique centrale et australe avaient sans doute parmi eux des hommes comme Alexandre le Grand ou Napoléon, mais on ne saura jamais rien d’eux.” (Gann & Duignan, 2000)

Formulation plaisante, mais inadaptée : le rythme de l’expansion a été d’environ 20 km par décennie, soit 200 km par siècle, 2000 par millénaire, on ne peut guère parler d’une conquête fulgurante, comme celle des Arabes au VIIe siècle !

Effets de l’expansion bantoue :

« Les peuples bantous ont changé de façon radicale le paysage humain de l’Afrique subsaharienne : d’un continent peuplé de façon clairsemée de chasseurs/cueilleurs à celui de fermiers dans des villages. »  John Reader

« La dispersion bantoue a modifié en profondeur l’histoire du continent, partout où ils allaient les Bantous ont apporté l’agriculture, l’art de la fonte et du travail des métaux. » Gann et Duignan

3. Mfecane (écrasement et dispersion violente de populations)

« Crushing, scattering, forced dispersal, forced migration. »

NB Prononcer ‘Méfécané. 🙂

Points abordés :

  • Bantous et Khoïsan : San (Bushmen, ou Boshimans), Khoïkhoï (Hottentots)
  • Rôle de la Fish river
  • Portugais, 1488 ; Hollandais, 1652 ; Français, 1685 ; Anglais, 1806
  • Chaka (1787-1828), royaume zoulou, 1816, dévastation, « A ruthless military genius »
  • Grand Trek, 1836
  • Nongqawuse (1841-1898), et le désastre Xhosa de 1856-1857

En Afrique du Sud, les Bantous sont arrivés jusqu’à la limite de la zone au climat méditerranéen (Le Cap, Fish river), repoussant les peuples Khoïsan (divisés entre le peuple San, chasseurs/cueilleurs, ou Boshimans, Bushmen, et les Khoïkhoï (Hottentots), éleveurs.

Les Portugais atteignent le sud de l’Afrique fin XVe siècle, avec Bartolomeu Dias en 1488 (Mossel bay), mais les premières implantations attendent les Hollandais en 1652, avec une colonie au Cap fondée par la VOC. Les Français arrivent en 1685, après la révocation de l’édit de Nantes, ce sont les huguenots, qui introduisent la vigne dans la région.

On a donc d’abord les San, les aborigènes (peuple premier, ab origines), qui s’étendaient jusqu’à la Tanzanie, avant les migrations, puis les Hottentots, arrivés bien plus tard, il y a deux mille ans. Les San en Afrique australe, présents depuis au moins 40 000 ans, ont été repoussés par les Hottentots, puis les deux par les Bantous à partir du IVe siècle de notre ère, et enfin les trois par les Européens au XVIIe siècle.

Les premières incursions vers l’intérieur, des fermiers migrants, ou Trekboers, ou Voortrekkers, en hollandais, ont lieu au début du XVIIIe siècle. Les Britanniques prennent le contrôle de la colonie du Cap à l’occasion des French wars en 1795 (la Hollande est occupée par la France, elle devient la République batave), temporairement, jusqu’à la paix d’Amiens en 1802, puis définitivement en 1806 après la reprise de la guerre contre Napoléon.

Les guerres cafres, entre Européens et Bantous (Xhosas, Zoulous, Nguni, Matebele) au nord-est de la Fish river ont lieu au XIXe siècle, et ces derniers sont progressivement repoussés.

Plus tôt, au début du XIXe, a lieu la guerre dite du Mfecane, à partir de 1816 et jusqu’en 1828. Chaka, un génie militaire, fondateur du royaume Zoulou, vaste comme la France, dévaste les peuples voisins, il s’agit de guerres entre Africains, mais qui auront une telle ampleur, constitueront une telle catastrophe, qu’elles faciliteront l’avancée des Blancs. La création d’un royaume puissant, centralisé et militariste, qui dispersera les peuples environnants à travers toute l’Afrique australe, déclenchant des réactions en chaîne se faisant sentir à des milliers de kms. Un chaos durant deux décennies, caractérisé par les guerres et les déplacements massifs de populations.

Chaka et ses légions peut être comparé aux Spartiates ou aux légionnaires romains et à leur organisation guerrière, elle est décrite ainsi :

A ruthless military genius (Chaka), formule de Oliver et Fage.

Des troupes entraînées au combat corps à corps, avec des armes redoutables, comme la sagaie courte (assagai) et le casse-tête (knobkirrie), une armée divisée en quatre groupes (en tête de bufle) : le centre, les éclaireurs, les ailes (combattants les plus rapides chargés d’envelopper l’adversaire), l’arrière avec les vétérans constituant la réserve. « Des unités d’égorgeurs achevaient les blessés ennemis ».

Causes du Mfecane :

Raids négriers des chasseurs d’esclaves européens depuis la côte à l’Est (Maputo, baie de Delagoa), ponction d’hommes dévastatrice pour les cultures. Plus difficultés liées à la sécheresse (alors que la fin du XVIIIe avait été très favorable), le tout provoquant des famines. Poussée des Blancs Trekboers à l’Ouest. Au total, luttes internes des groupes bantous pour le contrôle des ressources et leur survie.

Le Grand Trek, démarré après ces guerres, en 1836, sera facilité par le dépeuplement de régions entières au nord-est du Cap. Des Afrikaners de la colonie du Cap, environ 14000 (un sur dix des descendants des Hollandais et huguenots), émigrent pour échapper aux lois anglaises, leur épopée va durer une décennie. La Grande-Bretagne avait aboli la traite en 1807, puis l’esclavage lui-même en 1833. Les Afrikaners avaient des esclaves qu’ils voulaient garder, plus toutes les lois anglaises visant à plus d’égalité entre les races.

« Nous sommes partis pour préserver notre idéal de pureté. » Un trekker, cité par John Reader.

Voir son livre, une bible pour qui s’intéresse au continent.

Ou un roman sur l’Afrique du Sud, dans le genre grande saga sur plusieurs générations, de James Michener :

Dans l’imaginaire des Boers, et de nombreux Sud-Africains blancs encore aujourd’hui, il s’agit de « figures héroïques qui auraient introduit la civilisation européenne chrétienne dans l’Afrique du Sud-Est ». En 1837, ils dépassent le fleuve Orange, 1000 km au nord du Cap et s’opposent aux Bantous, bataille de la Blood River en 1838 sur les Zoulous. Tactiques des chariots formés en cercle (les laagers), comme dans l’Ouest américain, aidés de tireurs à cheval.

Des calvinistes, se considérant comme le peuple élu, et rejouant le mythe de la Terre promise. Lecture quotidienne de la Bible, moderne exode vers l’idéal (une terre assez vaste, « où chaque fermier ne pourrait voir la fumée de son voisin »). Le roi d’Angleterre était le pharaon, la colonie du Cap une nouvelle Egypte qu’ils devaient fuir comme les Hébreux auxquels ils s’identifiaient. Les Africains devaient naturellement travailler pour eux comme esclaves ou serviteurs, ils se voyaient, inversant les rôles, comme les autorisant à vivre dans leur pays…

En 1839, ils fondent la république du Natal, mais en sont chassés par les Britanniques dès 1843. Ils créent alors le Transvaal et l’Etat libre d’Orange au sud, reconnus par les Anglais en 1852. Les deux capitales, Bloemfontein et Pretoria ne sont alors guère plus que des villages, avant les découvertes minières (or et diamants) de la fin du siècle.

Le sud de l’Afrique en 1870 :

En 1856-1857, soit trois à quatre décennies après le début du Mfecane, a lieu une autre catastrophe pour les peuples bantous de la région. Un événement inouï, le suicide collectif des Xhosas : ils abattent leurs troupeaux par centaines de milliers de têtes, détruisent leurs récoltes et leurs réserves, et tous leurs outils, à la suite d’une prophétie d’une illuminée, Nongqawuse. Elle annonçait un renouveau des Xhosas, leur puissance restaurée, le départ des Blancs, la résurrection des morts, si ces destructions étaient réalisées. Et les Xhosas la suivent et effectuent la dévastation. Une terrible famine suit, des dizaines de milliers de morts à la clé, la population passe de 100 000 à 25 000. C’est aussi la fin de guerres cafres, faute de combattants pourrait-on dire. Echec grandiose de la prophétie, facilitant par la suite la conversion des survivants au christianisme. Un « grand Tchernobyl moral », d’après Françoise Héritier.

4. Écarts de développement

Explications géographiques :

  • Isolement
  • Aspect des côtes
  • Orientation Nord/Sud du continent, plutôt que Est/Ouest (Jared Diamond, 1998)

Dans les Amériques et en Afrique, l’extension plutôt N/S que E/O a donc été un obstacle. Les inventions liées à la diffusion de l’agriculture, comme la roue, l’écriture, la métallurgie, les diverses techniques, ainsi que les grands empires, sont aussi caractéristiques de l’Eurasie, et moins des Amériques et de l’Afrique. Meuleau : « Au XIXe siècle, l’essentiel de l’Afrique au sud du Sahara est encore dans des modes de vie néolithiques. »

En outre, la mobilité plus facile en Eurasie, facilitée par le même type de climat d’Est en Ouest, plus le fait que le cheval a été domestiqué en Asie, et également l’immense plaine où la circulation est aisée de la Chine à l’Europe, facilitant par exemple la conquête mongole, cette mobilité a favorisé la diversité génétique des populations, par les mélanges, les rendant plus aptes à défendre leur immunité contre les maladies.

Les Européens ont dominé l’Afrique depuis le XVe siècle, d’abord avec la traite puis avec la colonisation, parce qu’ils disposaient de navires puissants et de boussoles, d’armes à feu, de canons, de machines diverses, des multiples usages de la roue, de l’écriture et de l’imprimerie pour produire des cartes et des livres, et toute la paperasserie administrative, enfin de grands Etats organisés, bref de techniques et d’institutions efficaces.

Le sous-développement relatif de l’Afrique explique la facilité de la conquête, et non l’inverse, selon la thèse tiers-mondiste : le sous-développement qui serait le résultat de la domination. En général les causes précèdent les effets, et non l’inverse. La colonisation prétendue cause vient de la différence de développement (prétendue conséquence).

Sous-développement => traite puis colonisation, et non :

Traite, puis colonisation => sous-développement

  • David Cosandey et la thalassographie articulée, « Vers une théorie générale du progrès scientifique ».

Indice de marinité : surface des péninsules et îles/surface totale :

Europe : 56%, Chine : 4%, Inde : 3%, monde musulman et Afrique subsaharienne : 1%.

Le découpage extrême des côtes en Europe permet la formation d’Etats-nations durables dans des frontières naturelles, ce qui a deux conséquences : une rivalité favorisant les innovations, et une prospérité due à la facilité des échanges, d’où la formation d’un surplus permettant de financer des occupations extra-productives (savants, chercheurs, scientifiques). Les deux aspects entraînent et expliquent le progrès technique et scientifique.

Voir ce lien pour plus de détails sur la théorie et le livre de David Cosandey.

Conclusion

Adaptabilité, et surtout rapidité extraordinaire du développement économique.

La question pourquoi l’Afrique est en retard est en fait mal posée, on devrait se poser la question plutôt : Pourquoi et comment l’Afrique a rattrapé son retard en si peu de temps, ce que d’autres peuples ont mis dix mille ans à parcourir, de la révolution néolithique au monde moderne, l’Afrique a mis deux siècles. Pas étonnant que le retard soit encore là, mais ce qui est phénoménal c’est la réduction des écarts. On peut donc être optimiste sur l’avenir du continent. L’Afrique n’a pas fini de surprendre les hommes, comme disait Pline. Pline l’ancien (mort lors de l’éruption du Vésuve en 79), au premier siècle de notre ère :

Ex Africa semper aliquid novi.

(Toujours du nouveau venant d’Afrique)

 

Merci à l’UFE Lisbonne, et sa présidente, organisatrice de la conférence, Françoise Conestabile, et merci à Loïc Le Cam, conférencier sur l’histoire du Portugal, qui en est aussi à l’origine.

 

[1] BC: Before Christ, AD : Anno Domini, BCE: Before Common Era, CE: Common Era.

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3 Réponses to “Ex Africa semper aliquid novi”

  1. Lise Fecteau Says:

    Captivant

  2. JB Says:

    Les clics de la langue Khoïsan :

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