Toujours sur la colline de Caen derrière les murs monumentaux du château qui domine la ville, au musée.
Ci-dessus, La cruche cassée, de Harmen van Steenwijck, XVIIe siècle. Illustration d’un proverbe populaire. La tête du gars à côté de sa cruche… L’image au mur, une scène de tempête, évoquerait la fragilité des choses d’ici-bas.
Glaucus et Scylla, par Salvator Rosa, 1663 précurseur du romantisme et du fantastique
Glaucus, ou Glaucos, était un dieu marin mineur, amoureux de la belle néréide (accompagnatrice de Poséidon) Scylla. Lorsqu’elle vient se baigner au bord de la mer, pris de désir, il l’approche, mais elle le repousse, comme le montre la peinture, et il ne peut l’attraper (malgré sa longue queue de poisson). Circé l’enchanteresse, jalouse de Scylla, la transformera elle-même en monstre marin, à côté de Charybde, hantant le détroit de Messine, entre la Sicile et la botte italienne. C’est là qu’Ulysse perd six marins, dévorés par Scylla, mais passe quand même.
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Judith n’a cessé d’inspirer les peintres, ici c’est Véronèse au XVIe siècle qui la représente, avec la tête d’Holopherne entre les mains, la tendant à sa servante noire pour la mettre dans un sac et s’enfuir du camp des Assyriens. Véronèse a peint quatre tableaux sur les héroïnes de la Bible, Rachel, Suzanne, Esther et Judith. Cette dernière, d’une grande beauté, habitant à Béthulie, ville assiégée par Holopherne, général envoyé par Nabuchodonosor pour pacifier l’ouest de son empire, pénètre dans le camp, le séduit, l’énivre et…
Bien plus tard, à Rome, Lucrèce subit l’outrage du fils de Tarquin le superbe (roi de -534 à – 509) et se suicide, ce qui fait passer la ville au destin fabuleux de la monarchie à la république, six siècles avant notre ère. Le tableau du XVIIe siècle est anonyme. Boticelli en a fait une œuvre saisissante.
Pietro Francesco Garoli peint ici à la fin du XVIIe siècle le retour de l’enfant prodigue (Evangile selon Luc), mais il s’intéresse davantage à l’architecture, grandiose, les personnages paraissent écrasés. Ils n’en sont pas moins peints avec précision, on suppose que le fils aîné, jaloux, se trouve derrière le père.
Le fils aîné ne comprend pas l’attitude de son père : « Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un ordre de toi, et jamais tu ne m’as donné, à moi, un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand est revenu ton fils que voilà, qui a dévoré ton bien avec des courtisanes, tu as tué pour lui le veau gras ! ». Alors le père dit à l’aîné : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ».
L’interprétation de Jacques Ellul :
Celui qui est donné en exemple c’est celui qui n’a pas eu une conduite morale. Celui qui est rejeté, c’est celui qui avait une conduite morale. (…) L’amour n’obéit à aucune morale et ne donne naissance à aucune morale.
Le mariage de la Vierge, vu par Le Pérugin (1448-1523) et par Pâris Bordone (1500-1571) :
Dans le premier tableau, de 1504, Joseph passe l’anneau au doigt de Marie, et dans le fond, les autres prétendants tiennent une baguette qui n’a pas fleuri, l’un d’eux la brise, par dépit. Bordone, élève de Titien, représente le même moment, vers 1540.
Saint Jérôme vu par le Pérugin encore, par un anonyme flamand, et Lubin Baugin, XVIIe.
- Guerchin
- Anonyme flamand
- Lubin Baugin
St Jérôme pénitent, dans le désert, avec le crucifix et le lion ; St Jérôme méditant sur les vanités du monde, en clair obscur, à la manière de Caravage ou de La Tour ; St Jérôme dans sa cellule.
Aphrodite et sa conquête, le jeune Adonis, par Cornelis van Haarlem, 1614. On sent la domination de la femme mûre et expérimentée sur l’étourneau qu’elle a séduit. L’histoire d’Adonis est bien compliquée d’ailleurs, et finit mal.
La descente de croix, du Tintoret, « les trois Marie et St Jean portent assistance à la Vierge évanouie de douleur, tandis que Nicodème et Joseph d’Arimathie déplient le linceul. L’homme en prière à droite pourrait être le commanditaire du tableau. Les attitudes des personnages en mouvement, le réalisme de l’expression de la Vierge, la vivacité de l’exécution et l’audace des raccourcis (torse du Christ, linceul, échelle) sont remarquables ».
On retrouve ici la légende de Ste Ursule et les mille vierges, martyrisées par les Huns au IVe siècle, racontée notamment par le chroniqueur italien du XIIIe siècle, Jacopo da Varazze (Jacques de Voragine), dans sa Légende dorée. Le tableau est de Scipione Compagno vers 1650 qui situe le méfait dans la baie de Naples. Voir ici pour les détails de l’histoire sur un autre tableau.
A suivre…
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27 octobre 2022 à 11:50 |
… sans oublier que ce thème récurrent de la peinture ancienne est une allusion, transparente alors, à la virginité perdue.