A la télé, l’arrivée du cyclone Matthew sur la Floride
Il est rare qu’on se trouve au cœur d’un cyclone, mais il est fréquent (pour peu qu’on habite dans une région concernée) d’attendre son passage et de n’en voir que la queue. Jusque-là, pour nous, à Madagascar (île Ste Marie et Tamatave), à la Réunion, ou dans le Sud des Etats-Unis, c’est la deuxième option qui s’est présentée, pas de « direct hit ».
Le cap Hatteras, réputé pour ses tempêtes et ses hauts fonds, marque la limite nord de la zone de dévastation possible des cyclones, entre juin et novembre. Au nord, on est à l’abri, bien que de temps en temps, comme en octobre 2012 avec Sandy, ils peuvent aller bien plus haut. C’est aussi, au large, en mer, un endroit dangereux, au temps imprévisible, appelé le cimetière de l’Atlantique du fait des nombreux naufrages qui y ont eu lieu. Un mince cordon littoral, les Outer Banks, là où les frères Wright ont pris leur envol en 1903, protège la zone intérieure, constituée de véritables petites mers, Pamlico sound, Albermarle sound. On peut y naviguer à la voile, à la différence du waterway, on ne voit même pas la côte. L’ICW rejoint ces mers intérieures et permet de traverser toute la zone du nord au sud, ou du sud au nord, sans sortir.
Voilier dessiné par Roberto Barros dans les années 1980 au Brésil, le Cabo Horn s’inspire des plans de Philippe Harlé pour le Sancerre, dont on avait rencontré un exemplaire en Italie. Même carré arrière sous la descente, même impression d’espace dû à ce dessin particulier, même pont complètement dégagé à l’avant, même jupe arrière, même longueur, même ligne générale de coque. Le Cabo Horn n’est cependant pas un dériveur comme le Sancerre, mais un quillard classique. Le point le plus original est ce carré placé sous l’échelle de descente, avec une couchette tout à l’arrière sous les hublots de la jupe. On est sur un 35 pieds, mais à l’intérieur, on a l’impression d’être sur un quarante pieds ! Dommage que cette disposition soit aujourd’hui totalement absente dans les bateaux modernes, complètement abandonnée semble-t-il par les architectes nautiques. Du carré, lumineux, on voit la mer assis, par les hublots latéraux et arrière, avantage qui est recherché avec les voiliers à salon de pont actuels, comme le Nordship par exemple, mais avec un carré beaucoup plus petit, puisqu’il doit se contenter de la moitié de la largeur du bateau.
Article Figaro