Comment on matait une révolte à la Belle Époque, qui est aussi la belle époque de la colonisation. Les guerres d’Indochine puis du Vietnam ont des racines anciennes, comme le montre ce récit de Claude Farrère dans Les Civilisés, l’écrasement d’un soulèvement au Tonkin, en 1900, à l’apogée de l’impérialisme occidental. Le témoignage est intéressant parce qu’il ne s’agit pas d’un roman historique comme on en a fait tant depuis, mais de quelqu’un qui parle de son temps, et qui a vécu sur place la situation. On peut trouver le style précieux, daté, emphatique parfois, mais Farrère offre un gros avantage : son récit est authentique, il parle de ce qu’il voit directement. S’il s’agit bien d’un roman, c’est un roman des années 1900, qui a eu un des premiers Goncourt. Les débats ont porté à l’époque sur le fait de savoir si l’auteur faisait une critique du colonialisme ou non, ce récit incite à penser que oui, malgré le fait que l’auteur ait toujours été un conservateur.
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Au bon temps de la canonnière
20 mai 2011Érotisme 1900
1 mars 2011Dans un prix Goncourt à l’époque, celui de Claude Farrère en 1905, Les Civilisés, la sensualité procédait par évocation, on ne disait pas directement les choses, sauf dans les livres sous le manteau, non publiés, comme ceux de Pierre Louÿs, grand ami de Farrère justement. Deux passages qui évoquent très bien l’art de l’écrivain en ce domaine. Le premier sur les nuits de Saigon, la douceur tropicale, propice aux épanchements. Le second, un peu plus poussé, dans une calèche…
Panique
6 janvier 2011A la fin de son deuxième roman, Les Civilisés, prix Goncourt 1905*, Claude Farrère décrit de façon hallucinante, digne de Hugo, le torpillage d’un bateau de guerre, et la panique qui s’ensuit dans la salle des machines. L’écrivain est officier de marine, il sait de quoi il parle.
Il recevra l’annonce de son prix en Méditerranée, à bord du cuirassé Saint-Louis où il sert, au grand étonnement de son commandant et de ses camarades. Charles Bargone (vrai nom de Farrère) raconte comment il apprend la nouvelle dans une lettre à Pierre Louÿs (8 décembre 1905) : « A minuit passé nous étions encore en pleine mer. J’accomplissais mon septième rob de bridge, quand un timonier de la TSF me remit un télégramme du Suffren : un des aides de camp, averti par Toulon, me transmettait la nouvelle. »
Article Figaro